Le bac de Gabriel et ses dimensions hors normes ont remporté un très grand succès. Dans cette nouvelle "tranche de récif", vous verrez qu'il est possible d'obtenir un très beau bac même si son volume est modeste. Le bac de Benoit possède déjà une maturité certaine puisqu’il vient de fêter ses trois ans.
Docteur en biologie de formation, Benoît a pris un virage dans sa carrière et travaille aujourd'hui dans un tout autre domaine, ce qui ne l’a pas empêché de continuer à s’intéresser aux animaux marins… Il a commencé il y a une dizaine d’années par un premier aquarium de poissons et de coraux mous pour arriver à ce bac récifal en mars 2001. L'objectif était un bac d'un esthétisme irréprochable qui puisse s’intégrer parfaitement dans la pièce à vivre.
Photo, Hervé ROUSSEAU
Caractéristiques techniques et maintenance
Le "design" de la pièce a imposé le choix des dimensions du bac ainsi que son aménagement : une longueur de 1,2 m, une profondeur de 60 cm et une hauteur de 55 cm pour un volume brut d’environ 400 l. La conception de la cuve est standard, à l’exception de pans coupés sur les faces latérales qui renforcent l’effet de profondeur et permettent une mise en valeur du bac sur toutes ses faces. La descente est en tube PVC de 32 mm de diamêtre jusqu’à une cuve permettant la mise en place d’une filtration mécanique rapide (perlon), ainsi que le logement de l’écumeur (H&S F2000), du chauffage, et de quelques autres éléments techniques (sondes…). La réserve d’eau douce de 35 l est placée dans la continuité de la décantation.
Photo, Hervé ROUSSEAU
L’originalité dans le débordement et la descente réside dans la mise en place d’un système "Durso" (
lien vers le site Durso)
complété par une vanne sur le tuyau de descente. L'ensemble a l'avantage d'être silencieux et facile à régler.
Par sécurité, un capteur placé dans le bac et couplé à un relais permet l’arrêt de la pompe de remontée en cas d’obstruction de la descente.
Photo, Hervé ROUSSEAU
Le maintien du taux de calcium et du KH a été assuré dans un premier temps par un réacteur à hydroxyde (RAH) fabriqué selon les plans de Mars (lien vers l'article RAH). Par la suite, la croissance importante des coraux hermatypiques a nécessité la mise en place d’un réacteur à calcaire (RAC) fabriqué sur le même principe que celui présenté dans l’article suivant :
lien vers l'article RAC
L'ensemble RAH+RAC permet aujourd'hui de maintenir le taux de calcium autour de 400 mg/l et un KH proche de 7. Les concentrations en nitrates et phosphates ne sont mesurées que très exceptionnellement et toujours à des valeurs proches de 0. De l'iode est ajoutée tous les 15 jours sous forme d'iodure de potassium (1,8 ml d'une solution à 5%). Il n'y a aucune autre supplémentation.
Photo, Hervé ROUSSEAU
Le brassage du bac a d'abord été confié à plusieurs Maxijet (Aquarium Systems). Il y a un peu plus d'un an, elles ont été remplacées avec succès par une Stream 6080 (Tunze). L'amélioration esthétique et sonore est loin d’être négligeable, et la consommation électrique - et qui dit consommation électrique dit augmentation de la température du bac - a également diminué. Il semble qu'il y ait maintenant moins de zones mortes sous le décor. L’effet bénéfique sur les animaux reste difficile à évaluer, même si certains adoptent par exemple des formes de pousse différentes.
L’éclairage du bac est assuré par une rampe UFO 1x250W équipée d'une ampoule BLV 10000K et de deux tubes dulux bleus. Même si cet éclairage n’est pas très puissant, les coraux sont pour la plupart colorés. Des boutures de souches identiques dans des bacs plus éclairés ne donnent pas nécessairement de "meilleurs" résultats, ce qui démontre une fois de plus que l’éclairage n’est pas le seul paramètre en jeu dans la coloration des coraux.
Photo, Hervé ROUSSEAU
Pour finir, une couche de sable de granulométrie moyenne a été mise en place au démarrage du bac, dans un but purement esthétique. La mise en place de la pompe Stream rend difficile une répartition uniforme du sable.
Les paramètres physico-chimiques habituels de l’aquarium sont les suivants :
Température : 25 °C
pH : 7.9/8.3
NO2/NO3 : indétectables
PO4 : indétectables
Calcium : 390 mg/l
KH : 7
Les animaux
Après un démarrage assez difficile en raison d’algues supérieures et inférieures très persistantes, le peuplement du bac a été fait très progressivement à partir de quelques boutures et d'espèces tolérantes. La disparition des algues a permis de reprendre progressivement le peuplement du bac, ce qui, coincidant avec une croissance plus rapide de la plupart des coraux hermatypiques, a abouti au résultat présenté aujourd'hui. Le bac est peuplé d’une dizaine d’espèces d’Acropora sp., ainsi que plusieurs spécimens de Seriatopora sp., Stylophora sp. et Pocillopora sp..
Photos, Julien THEODULE
Le bac héberge notamment un Pocillopora damicornis qui produit régulièrement des planulae d’origine asexuée qui s’implantent rapidement sur tous les substrats : vitre du fond, pompe de brassage, canne de rejet…
Photo, Hervé ROUSSEAU
Du côté des poissons, le bac est peuplé raisonnablement avec trois chirurgiens de petite taille (Zebrasoma flavescens, xanthurum et veliferum), un couple de clowns (Amphiprion ocellaris), plusieurs demoiselles (Chromis viridis) et un Pseudochromis flavivertex. Le bac n’étant pas couvert, plusieurs poissons ont malheureusement été retrouvés sur le parquet, en raison de leur "dynamisme" ou de celui des Chromis viridis. C'est en particulier le cas des trois Macropharyngodon bipartitus présents à l'origine.
Photos, Julien THEODULE, Benoît FINET
Dix questions à Benoît
Récifs.org: Bonjour Benoît, merci pour la présentation de ton bac ! Nous parlions dans le texte d’un démarrage difficile avec une invasion d’algues… Pourrais-tu nous en dire plus, et notamment ce que tu as fait pour t’en débarrasser ?
En fait, ces algues ne sont apparues que 7 ou 8 mois après la mise en eau du bac, et j'ai bien mis 6 mois à m'en débarrasser. Les deux types d'algues en question sont encore bien visibles sur la photo prise en février 2002 sous la forme de "pompons" roses et d'algues buissonnantes de couleur marron. Après quelques semaines d'arrachage manuel, et, il faut bien le dire, sans aucune aide du Zebrazoma flavescens :-), j'ai cherché à introduire d'autres types d'herbivores. Comme souvent la solution m'a été suggérée sur un forum, et en janvier j'ai introduit dans le bac deux oursins, un Mespilia globulus et un Tripneustes gratilla
( lien vers l'article ). Le résultat est visible sur la photo prise en mai 2002.
Photos, Benoît FINET
Récifs.org: Quelle a été ta plus grosse déception sur cette réalisation ?
Comme toujours, la perte des animaux. Le poisson qu'on retrouve le matin sur le plancher, ou l'acro que l'on perd bêtement. J'aime beaucoup les Acropora jacquelineae. J'ai perdu celui visible sur la photo prise en mai 2002. Quand je suis rentré de vacances en août 2002, un Seriatopora mal fixé était rentré en contact avec l'une des branches du jacquelineae. Ni l'un ni l'autre ne semblaient en avoir souffert et je les ai donc séparés sans prendre de précautions particulières. Le jacquelineae a déclenché une nécrose (RTN) la nuit suivante et je n'ai pas réussi à en sauver la moindre bouture. Le Seriatopora ne lui a pas survécu plus de 48 heures…
Récifs.org: A contrario qu'elle a été ta plus grande satisfaction (ou plus grande fierté) ?
La comparaison des photos du bac sur les trois ans qui viennent de s'écouler, et en particulier ce que sont devenues les boutures que l'on m'avait confiées. J'ai plusieurs fois modifié l'emplacement de certaines pièces, d'autres ont disparu (entre autre, la RTN commencée avec le jacquelineae et le Seriatopora s'est propagée à d'autres pièces), mais on peut suivre l'évolution de certains Acropora qui au départ ne faisaient que deux ou trois centimètres et qui prennent maintenant une toute autre place dans l'aquarium…
Photos, Benoît FINET
Récifs.org: Y-a-t’il des éléments que tu penses modifier ou corriger à plus ou moins long terme et pourquoi ?
Il va falloir un jour ou l'autre modifier le décor pour tenir compte de l'encombrement des plus grosses pièces. J'aimerais revoir également la population de poissons. Je ne suis pas sûr qu'avoir trois chirurgiens dans un bac de cette taille soit vraiment une bonne idée. C'est le problème de trop traîner dans les magasins d'aquariophilie, on finit toujours pas craquer pour tel ou tel animal alors qu'on sait bien que ça finira par poser des problèmes. Pour l'instant ces trois-là se supportent sans trop manifester d'agressivité. J'attends donc encore un peu. Coté technique, après être passé par une crise à la fin de la deuxième année, le bac fonctionne de nouveau correctement (les coraux repoussent à un bon rythme). Je vais donc éviter d'y toucher (la mise en route du RAC, dernière modification importante de la partie technique du bac, remonte à 8 mois).
Récifs.org: La tendance actuelle est à un éclairage puissant, un brassage puissant et un écumage "surdimensionné", on peut presque dire que tu es à contre courant de cette tendance ! Pourrais-tu nous expliquer pourquoi ?
Pour l'éclairage, deux raisons essentielles : ma femme et les commentaires des copains lorsqu'ils viennent voir mon bac :). Comme ces derniers se croient obligés de faire des commentaires élogieux sur l'aspect du bac, ma femme s'en sert comme argument pour me dire que je n'ai pas besoin de passer à 400 W. Plus sérieusement, j'aurais personnellement tendance à penser que certains Acropora pourraient gagner en coloration avec plus de watts, mais le résultat est aujourd'hui suffisamment satisfaisant pour que je ne touche pas à la configuration actuelle.
Pour le brassage et l'écumage, je ne pense pas être sous dimensionné. Même si je n'ai plus qu'une seule pompe, la Stream 6080, qui remplace les Maxijet, fait quand même 8000 l/h, ce qui en terme de débit brut est plus que suffisant. Mais surtout, comme l'affirme Claude Hug (Tunze), c'est bien toute de la colonne d'eau qui se met en mouvement. Pour un bac de 1,2 m comme le mien, le flux dans l'axe de la pompe reste un peu fort - le montipora orange qui est à une soixantaine de centimètre n'apprécie pas vraiment. Pour bien faire, il faudrait, comme le conseille Claude, installer une Stream 6000 à débit réglable à chaque extrémité du bac et alterner les flux toutes les six heures par exemple. Mais le problème avec un bac de cette longueur c'est que les coraux ne sont jamais très loin des bords, et rajouter une pompe sans qu'ils se retrouvent dans le flux de sortie n'est pas évident…
Récifs.org: Tu as mis en place un système Durso afin de limiter le bruit de ta descente, pourrais-tu nous en dire plus ?
C'est l'une des premières modifications que j'ai faite sur le bac. L'aquarium m'a été livré avec une seule descente. La seule façon de limiter le bruit de la descente était de jouer sur la hauteur d'eau dans le compartiment abritant la descente à l'aide de la vanne située sous le bac. Mais je ne suis jamais arrivé à un réglage stable et correct de cette manière. Avec le système Durso ce problème n'existe plus. La hauteur d'eau dans le compartiment de départ dépend uniquement de la longueur du tuyau vertical (du siphon) et même si la vanne a encore une utilité pour régler le débit général son utilisation ne pose plus du tout de problème.
Récifs.org: On peut voir sur la vidéo que tu possèdes un couple de clowns qui ont trouvé refuge dans tes Xenia sp., n’as-tu jamais pensé à leur offrir l’anémone qu’ils méritent ?
Chuuut, Christian Seitz va m'eng....… et il aura d'ailleurs raison. Je devrais effectivement, pour le bien être de ces poissons, installer une anémone dans le bac. Mais comme Christian le dit lui-même (lien vers l'article) la maintenance des anémones est très délicate, et ce type de bac (taille relativement modeste et forte densité en coraux hermatypiques) ne s'y prête pas. Une anémone met souvent un certain temps à trouver sa place dans le bac et les coraux n'apprécient pas vraiment son passage "brulant"…Enfin, je vous laisse imaginer les dégâts qu'occasionnent la mort d'un animal de cette taille pendant votre absence. J'ai donc fait le choix de faire plaisir à mes filles au risque de m'attirer les foudres de christian ;-). A ma décharge, les clowns sont dans le bac depuis plus d'un an (bien avant Némo) et présentent une croissance et un comportement qui me semblent satisfaisants.
Récifs.org: Quels sont tes prochains projets aquariophiles ?
Regarder mon bac vieillir :-)
Photo, Hervé ROUSSEAU
Récifs.org: As-tu des animaux que tu aimerais héberger dans ton bac mais que tu ne possèdes pas aujourd’hui et pour quelles raisons ?
Je me laisserais bien tenter par un Centropyge loriculus et/ou par Euxiphipops navarchus. Mais je ne souhaite pas augmenter le "volume" total de poissons (et donc de pollution) dans mon bac. Il faudrait donc que je me sépare de certains et je n'ai pas encore franchi le pas (la réputation du loriculus reste mitigée mais je pense que les Acropora devraient pouvoir le supporter).
Récifs.org: Y a-t-il quelque chose que tu souhaiterais rajouter, un remerciement, un clin d’œil ?
Au-delà du plaisir de concevoir, réaliser, maintenir et admirer un petit bout de récif dans son salon, cette passion aura été aussi l'occasion de nouer des amitiés avec une bande de nains dont certains habitent même dans des contrées sauvages où l'on chasse habituellement le parisien à la hache, voire à la tronçonneuse. Je leur dois de bonnes tranches de rigolade et d'excellents repas et ça c'est irremplaçable.
Au chapitre des remerciements, je n'oublie pas deux professionnels, concurrents et complémentaires dont l'accueil et les conseils m'ont été précieux. Philippe de Center Aquarium qui a réalisé le bac le support et le meuble qui décorent avec bonheur mon salon depuis trois ans. Son travail a été irréprochable. Christian, d'Abri Sous Roche, qui tout en restant un vrai professionnel, a toujours su m'éclairer de conseils désintéressés, tout en me faisant verser une larme sur les difficultés de la profession ;-) Merci à lui et à son équipe pour les heures que j'ai passées devant les bacs de la boutique à m'émerveiller devant les derniers arrivages.
La vidéo du bac de Benoit, format .avi, 25Mo
Pour lire cette vidéo, utilisez un Codec Divx, que vous pouvez télécharger
là.
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Article publié le 20/04/2004 par Hervé Rousseau
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