Matériel: L’entretien général de l'aquarium récifal
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On entend souvent ce lieu commun : "Un aquarium, c’est reposant !". Mais nous savons très bien que ce n’est pas sans peine. Cet aquarium a besoin d’être entretenu et cela commence dès la mise en route. Lors de la phase de maturation qui dure environ trois mois, cela consiste principalement à nettoyer l’écumeur aussi souvent que nécessaire ainsi que le support de filtration mécanique qui sera rincé abondamment ou remplacé (perlon par exemple). Il n’est pas rare que ces manipulations soient quotidiennes lors des premières semaines ! Si vous utilisez du charbon actif qui est d’un emploi intéressant à ce stade, changez-le lui aussi régulièrement. Vous devrez répéter ces gestes tant que votre aquarium sera en fonction, alors autant vous y habituer tout de suite, vous apprécierez quand le rythme ralentira !
La philosophie de l’entretien consiste à s’attacher à la maintenance de la stabilité des paramètres et à l’aspect esthétique du bac dans un souci constant du bien-être des animaux.
Il faudra s’assurer quotidiennement de la bonne santé des animaux, ne serait-ce qu’au moment du nourrissage par exemple, ainsi que de la propreté des vitres par élimination des diatomées et des algues calcaires incrustantes aussi souvent que nécessaire (cela peut être journalier), à l’aide d'une raclette magnétique, d'aimants à algues, à lames, flottants, d'une carte en plastique, de perlon, etc...
Il faudra aussi vérifier les niveaux :
- de la réserve d’eau de compensation d’évaporation,
- du remplissage des réacteurs,
- et du bol de l’écumeur.
Au besoin, procédez aux corrections nécessaires. Terminez par un coup d’œil sur les instruments de contrôle (pH-mètre, température, redox/ORP, conductivité, …). Pour ceux qui possèdent de tels appareils, il faut rappeler qu’ils ont besoin d’être étalonnés régulièrement - une fois par mois idéalement - et que les sondes doivent être changées de temps en temps. Selon leur qualité, elles ont une durée de vie moyenne de un à deux ans.
Photo, Hervé Rousseau
Pour la température, il faut éviter de trop grandes variations entre le jour et la nuit, et entre les saisons. La chaleur sera donc maintenue par un système de chauffage, et les élévations de températures estivales maîtrisées par un refroidisseur et/ou des ventilateurs ou encore par climatisation de la pièce. Il est bien sur préférable d’asservir ces appareils par des thermostats avec un cadran d’affichage permanent de la température pour un contrôle visuel. L’entretien consistera donc à veiller au bon état de ces instruments en les gardant propres, sans qu’ils soient recouverts de dépôts calcaires, et éventuellement à un changement des thermoplongeurs tous les deux/trois ans par sécurité. Les refroidisseurs seront vidangés soigneusement pendant la saison froide.
La salinité sera contrôlée par un densimètre à flotteur ou à aiguille ou, pour plus de précision, par un réfractomètre ou un conductimètre. Au fur et à mesure que l’eau s’évapore, la densité augmente, et il faut compenser l'évaporation par des ajouts d’eau osmosée ou/et d’eau de chaux. Cette opération peut se faire manuellement mais comme elle est vite lassante, on aura tout intérêt à s’offrir ou à se fabriquer un osmolateur. C'est un appareil de détection du niveau d’eau par flotteurs qui déclenche une pompe de compensation, elle-même située dans la réserve d’eau osmosée. D’autre part, la salinité baisse lentement avec le temps, ne serait-ce que par la quantité d’eau éliminée par l’écumeur, et il faut compenser cette perte par de l’eau salée. Réfractomètres et conductimètres doivent être calibrés régulièrement, en suivant les consignes d’étalonnage données par les fabricants. Les densimètres doivent être rincés à l’eau douce pour que la lecture des résultats ne soit pas faussée par un encrassement dû aux dépôts de sel sur l’aiguille.
Photo, Hervé Rousseau
Une bonne qualité d’eau dépend, entre autre, du faible taux de nutriments dissous contenant azote et phosphore. Ils sont facilement mesurables avec des tests commerciaux pour les phosphates PO42- et les nitrates NO3-. Cette qualité d’eau est obtenue et maintenue par un bonne quantité de Pierres Vivantes (PV) mises en place dès le démarrage du bac, par un écumeur performant, par un choix réfléchi de la population piscicole et par des changements d’eau; éventuellement par une culture d’algues dans l’aquarium ou dans un refuge, ou encore, par un générateur d’ozone, un dénitrateur (autotrophe ou hétérotrophe) ou/et des résines échangeuses d’ions. On évitera également de donner de la nourriture décongelée sans la rincer pour ne pas amener des phosphates indésirables. Les utilisateurs d'une filtration mécanique, généralement du perlon, veilleront à changer cette masse filtrante au moins une fois par semaine, afin qu’une filtration biologique ne s’y installe pas. Elle serait susceptible de produire des nitrates en perturbant le travail des PV. Ceux qui utilisent du charbon actif pour lutter contre le jaunissement de l’eau, veilleront à le changer régulierement. Ils prendront garde aussi à sa qualité - absence relative de phosphate.
L’écumeur sera nettoyé aussi souvent que nécessaire. Un simple coup d’œil sur le contenu de la coupelle dicte la fréquence des nettoyages. La périodicité souvent constatée est d’une fois par semaine mais elle peut être plus courte, spécialement dans les périodes de démarrage où une fois par jour n’est pas surprenant. Des algues corallines peuvent se développer à l’intérieur du corps de l’écumeur lorsqu'il reçoit de la lumière; le tuyau de prise d’air du venturi peut s’encrasser ainsi que la ou les pompes: un nettoyage plus complet s’impose alors. L'appareil est démonté completement (corps et pompe(s)), et on utilise un acide faible (jus de citron, vinaigre) ou fort dilué (acide chlorhydrique dilué) pour dissoudre rapidement les dépôts calcaires sans abîmer ou rayer les parois. Par sécurité, on peut s’astreindre à un nettoyage complet systématique tous les deux à trois mois. C’est également valable pour les pompes de brassage et de remontée d’eau.
Photo, Hervé Rousseau
La stabilité des taux en ions bicarbonates/carbonates (KH) et calcium (Ca2+) sera obtenue par divers moyens qui sont :
- l’ajout d’eau de chaux (ions calcium et hydroxyde), facilité par l’emploi d’un réacteur à hydroxyde de calcium (RAH),
- l'ajout direct de calcium et de bicarbonates par dissolution d’un substrat calcaire en milieu acide grâce à un réacteur à calcaire (RAC),
- l’utilisation de solutions du commerce aquariophile ou artisanales, de chlorure de calcium, chlorure de strontium, tampons carbonatés, et aussi magnésium, iode, lugol, etc... ou l’utilisation de produits dits «bi-composants» consistant en deux solutions distinctes susceptibles d’apporter tous les macroéléments et oligoéléments nécessaires à l’aquarium. Les dosages permettent d’obtenir individuellement les valeurs de Ca2+ et KH souhaitées, et elles seront maintenues par la suite par l’addition quotidienne des deux solutions à volume égal, une fois cette quantité déterminée par les tests. Cette distribution journalière peut être automatisée grâce à des pompes péristaltiques (pompes de dosage). On s’assurera d’avoir toujours une réserve disponible de ces produits.
Les utilisateurs de RAH le rempliront régulièrement d’hydroxyde de calcium au fur et à mesure de sa consommation et feront un nettoyage complet (corps et pompe), comme pour l’écumeur, dès que les parois du réacteur s’opacifient (dépôts calcaires). Le rythme du rechargement dépend de la consommation du bac. Un litre d’eau osmosée ne peut dissoudre qu’un gramme et demi d’hydroxyde de calcium. Ainsi en mettant une dose de 50 g d’hydroxyde, on dispose d’une autonomie d’environ 33 litres d’eau de chaux.
Le RAC à une autonomie beaucoup plus grande bien que celle-ci dépende aussi de la consommation du bac par sa population. Il nécessite un appareillage plus sophistiqué qui demande plus d’attention. On le rechargera régulièrement, bien avant la dissolution complète du substrat (aragonite de préférence). On veillera à ce que la réserve de CO2 soit remplacée à temps (prévoir une petite bouteille de secours est utile), et au bon étalonnage du ou des pH-mètres éventuels. La pompe de circulation sera aussi nettoyée à l’occasion, et on vérifiera le bon état des tuyaux de circulation d’eau.
Photo, Hervé Rousseau
Les changements d’eau sont toujours bénéfiques, même si leur pourcentage est faible et leur rythme espacé. Ils sont souvent nécessaires pour l’élimination des sédiments qui s’accumulent en l’absence d’une régulation biologique (lit de sable épais (DSB), animaux nettoyeurs, etc...). Ils peuvent varier de 5 à 10% par semaine à 5% tous les 6 mois. Ce pourcentage dépendra bien sur de la qualité de l’eau : si les nitrates et phosphates ont tendance à s’accumuler trop, il faudra en augmenter la fréquence et/ou le volume. Il est aussi souhaitable de savoir pourquoi ces nutriments s’accumulent, et peut-être remettre en question le nombre de poissons, leur nourrissage, la quantité de PV et le dimensionnement de l’écumeur. Si au contraire ces taux demeurent indétectables ou très faibles, on pourra espacer les changements d'eau. Un renouvellement de 5% par mois ou tous les 15 jours peut suffire à un bac qui tourne bien. Quand nous maintenons les taux de Ca, Mg et un KH à des valeurs supérieures aux valeurs de l’eau de mer naturelle, les changements d’eau peuvent faire baisser ces valeurs chèrement obtenues et, en absence de nitrates et de phosphates, peuvent sembler totalement inutiles et devenir aussi faibles que 5% tous les 6 mois. Toutefois, des petits changements d’eau réguliers sont préférables. Ils apportent oligoéléments et éléments traces, et favorisent une balance ionique correcte.
Les lampes et les tubes d’éclairage ont besoin d’être changés régulièrement. Leur puissance et leur spectre changent avec le temps. Un remplacement une fois pas an est un minimum à respecter bien que tous les 8/10 mois soit préférable. Evidemment, ils éclairent toujours et nos yeux sont peu sensibles à cet affaiblissement progressif. Une mesure avec un lux-mètre par exemple rend beaucoup plus évidente cette dérive. A noter également que le spectre change plus rapidement avec des lampes de température de couleur élevée : une lampe HQI de 6500 ou 10000 K aura un spectre plus stable dans le temps qu’une lampe de 14000 ou 20000 K. Ces dernière doivent être changées tous les 6 mois pour une qualité optimale. Plus vous attendrez pour changer vos lampes, plus le choc sera brutal pour les habitants du bac et parfois fatal, en entraînant un blanchissement des coraux. Donc, quand vous changez vos lampes il faut prendre quelques précautions élémentaires comme éloigner les spots de la surface de l’eau et/ou réduire la photopériode et ne pas changer toutes les lampes en même temps. Vous rétablirez ensuite la hauteur de l’éclairage et la durée de la photopériode progressivement sur une durée de un à deux mois.
Photo, Hervé Rousseau
Pour conclure, il est sage d’avoir une réserve de matériel de secours qui permette de pallier à la plupart des pannes qui sont malheureusement inévitables. Les flotteurs d’osmolateurs et les pompes associées sont du consommable et lâchent forcément un jour ou l’autre. Donc il faut prévoir des flotteurs de secours et au moins une pompe de rechange. Les pompes de brassage et celles qui animent les écumeurs et réacteurs ne sont pas immortelles non plus : prévoir des axes paliers et rotors d’avance et peut-être aussi des pompes de chaque type. Les sondes des appareils électroniques de contrôle font partie aussi du consommable. Les tubes et les moteurs des pompes doseuses doivent être changées régulièrement. Les produits bi-composants, l’hydroxyde de calcium et le substrat calcaire doivent être en quantité suffisante pour ne pas vous laisser en panne. L’osmoseur aura besoin de cartouches anti-sédiments et de charbon actif de rechange, et la qualité de sa membrane devra être contrôlée en sortie par une mesure du KH ou de la conductivité. Les tests les plus classiques (Ca, KH, Mg, NO3, PO4) devront aussi être en stock et surtout non périmés !
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Article publié le 20/02/2004 par Christian Seitz
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