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Quelques conseils
Bien sûr c'est ce chapître pratique qui vous intéresse avant tout ! Mais comme nous l'avons écrit par ailleurs vous ne trouverez pas ici de recettes miracles qui garantissent des coraux aussi colorés que dans le milieu naturel. Les verts, les violets, les jaunes et les oranges ne posent pas trop de problèmes, mais les bleus, qu'ils soient pastels ou d'un bleu profond, donnent du fil à retordre (en dehors des zones de croissance, "les pointes", où la couleur est bien présente, voir ci-dessous) :
Photo, Hervé ROUSSEAU
Les principes pour maintenir des coraux hermatypiques sous un éclairage qui convienne à leur bon développement sont par contre connus depuis longtemps et simples à mettre en œuvre. Alors quel éclairage et pour quel bac ?
La durée d'éclairage, quelque soit le type du bac sera de 8 à 12 heures par jour avec un allumage et surtout une extinction qui se feront de manière progressive. Si le dispositif en place ne permet pas de faire varier l'intensité de la source lumineuse (comme pour les HQI alimentés par des ballasts conventionnels pas exemple), on veillera à ne pas allumer, et surtout à ne pas éteindre toutes les sources lumineuses en même temps. Les poissons sont en effet sensibles aux variations brutales d'éclairage, et il est fréquent, en cas de panne de courant par exemple, que l'extinction brutal de la lumière, les conduise à sauter hors de l'eau, et malheureusement souvent hors du bac.
Les FO ou Fish Only - bacs peuplés uniquement de poissons -ne posent pas de problèmes particuliers, et les choix seront plutôt d'ordre esthétique. Les tubes fluorescents sont parfaitement appropriés à ce type de bac, et seront choisi parmi toute la panoplie des différentes marques du marché en associant les tubes "lumière du jour" et les supra actiniques (en T8 ou T5). Pour les grands volumes, et en particulier pour des bacs profonds (à partir d'une hauteur d'eau de 70 cm) il peut être intéressant de passer à des éclairages de type HQI, disponibles pour des puissances plus importantes. En première approximation, vous pouvez estimer qu'il vous faudra fournir environ 0,5 W par litre de volume brute de votre bac.
Photo, Christian SEITZ et Julien THEODULE
Coraux mous et anémones demandent un éclairage plus important que pour les FO. Mais les besoins en énergie lumineuse de ces animaux restent compatibles avec l'énergie que peuvent fournir des tubes fluorescents. Il est préférable néanmoins d'augmenter un peu la puissance de l'éclairage et de s'approcher par exemple de 0.8 W par litre (volume brute du bac). Profitons en pour signaler, encore une fois, que les anémones ne sont pas des animaux aussi facile à maintenir que certains voudraient le faire croire, et qu'à ce titre, elles sont à déconseiller aux débutants.
Photo, Julien THEODULE
Avec les coraux "durs", la quantité de lumière à fournir est encore supérieure. Les chiffres donnés habituellement tournent autour de 1 à 3 W/l, le plus souvent, compte tenu des puissances nécéssaires, en ayant recours à des projecteurs HQI. Cela nous amènent à faire quelques remarques :
En l'absence de données scientifiques précises, la tendance générale est à l'inflation des W/l. Le sous éclairage a en effet des conséquence rapidement visibles sur les coraux hermatypiques, qui s'étiolent et finissent par mourir. Alors que, même si un "sur éclairage" peut également être source de stress pour les animaux (voir dans certains cas brûler certaines colonies placées directement sous la source lumineuse), il n'a que rarement des conséquences visibles, et faciles à interpréter, sur l'ensemble des colonies coralliennes du bac. Il est donc moins risqué de conseiller au débutant d'opter pour 1 ou 2 W/l plutôt que de les orienter vers une valeur inférieure.
Alors descendre sous 1 W/l du volume brute, est ce vraiment un problème. Pour y répondre nous prendrons l'exemple d'un bac notoirement sous éclairé : Le bac de Frère Benoit.
La cuve principale fait 120 cm de long sur 55 cm de haut et 60 de profondeur, soit 396 litres de volume brut. L'éclairage aurait donc du être constitué d'un HQI de 400 W ou de deux fois 250 Watts, pour respecter les normes ci-dessus. Le choix du propriétaire s'est porté sur une rampe UFO de, seulement, 250 W, et de 2 tubes dulux bleu de 24W chacun. Même en tenant compte des tubes bleu, avec 298 Watts, on est encore 25% en dessous des 1 W/l censés être la limite inférieure de tout bon éclairage récifal.
Et pourtant les résultats, quatre ans après la mise en eau du bac, sont à la hauteur des espoirs du propriétaire, avec compte tenu des dimensions du bac, des colonies d'Acropora qui commencent à se sentir à l'étroit. Mais, si l'on regarde la répartition de la population du bac on s'aperçoit que l'essentiel des colonies, gourmandes en lumière, se trouvent principalement dans la zone centrale du bac, directement sous la rampe d'éclairage. Si l'on prend en compte le volume utilisé pour le peuplement, et non le volume brute de tout le bac, le ratio passe donc à 298 W pour 70*55*60 = 231 litres, et on retombe bien dans la fourchette généralement admise. Au-delà des chiffres bruts, il faut donc prendre en compte, en particulier avec les HQI, la répartition des espèces que l'on souhaite maintenir dans son bac et les besoins en lumière de celles-ci. Même en employant des reflecteurs de qualité, la surface éclairée de manière nominale n'exèdera généralement pas 60cm x 60cm ou 70cm x 60cm .
Il faut donc peupler son bac en fonction de cette surface et passer, le cas échéant, à un spot suplémentaire, si l'on souhaite augmenter la surface d'implantation de certaines espèces, comme les Acropora par exemple (mais il existe des espèces moins gourmandes en lumière, qu'il est donc tout à fait possible de placer sur les cotés du bac).
Depuis le début, nous parlons de Watt consommés, alors que nous avons vu précédemment, que ce n'est pas obligatoirement la meilleure unité à prendre en compte lorsqu'il s'agit de parler des besoins des coraux en énergie lumineuse, et qu'il faudrait mieux parler du PAR ou même du PUR, qui donnent une indication sur la quantité de lumière utile pour la photosynthèse et donc pour les coraux hermatypiques. Mais, contrairement au Watts, ce ne sont pas des unités facilement accessibles, et sur lesquels les fournisseurs communiquent.
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, et choisir leurs sources lumineuses en pleine connaissance de cause, des très bonnes études américaines par Sanjay Joshi sont disponibles sur ce sujet sur AAOLM comme par exemple l'article Spectral analysis of 400 W Lamps XM, Radium, Osram, Sunmaster, PFO.
Mais sans entrer dans les détails il est possible d'expliquer simplement pourquoi il est souhaitable de prendre en compte, lors du choix de son éclairage et de la puissance de celui-ci, le spectre de l'ampoule qui sera utilisée, et donc de s'intéresser à une autre unité, qui, elle, est vulgarisée depuis longtemps chez les aquariophiles, le Kelvin (K). En première approximation la règle, est simple. Plus votre ampoule monte en température de couleur (en Kelvin donc) et plus il conviendra d'augmenter la puissance de votre éclairage (tous les autres facteurs étant constants). Si vous avez lu les chapîtres précédents, vous savez en effet, que ce qui compte pour la photosynthèse, ce n'est pas l'énergie mais la quantité de photons qui arrivent sur les capteurs de la photosynthèse (dans la plage des longueurs d'onde utilisables par celle-ci). Vous savez également, que l'énergie d'un photon est d'autant plus grande que sa longueur d'onde est faible. Les sources de 20000K par exemple ont un spectre décalé vers les petites longueurs d'onde (les bleues). Les photons sont donc plus énergétiques mais, en contre-partie sont donc moins nombreux pour une puissance donnée. Encore une fois pour être plus précis, il faudrait avoir des informations sur le spectre réel de chaque ampoule et connaître la proportion de rayonnement utile pour la photosynthèse (le PUR).
Profitons-en pour rappeler d'ailleurs que, de ce point de vue, le spectre des ampoules HQI de 6500K est plus adapté (a un meilleur rendement vis-à-vis de la photosynthèse) que celui des ampoules de 10000 ou 20000 K. Leur rendu esthétique est par contre beaucoup moins agréable pour l'observateur puisqu'elles tendent vers le jaune.
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