Inforécifs: Les algues bénéfiques : mettez-vous au vert !
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Certaines algues ont fait leur retour sur le devant de la scène grâce à l'avènement des méthodes "naturelles" en récifal. Leur croissance est parfois dificile à maîtriser, et la pérennité des nouvelles techniques de maintenance reste à confirmer... Mais pourquoi ne pas essayer un petit coin de verdure ?
Les algues en général sont considérées depuis une petite dizaine d’années comme la plaie des aquariums marins et plus particulièrement récifaux. Les méthodes courantes de maintenance favorisent un milieu pauvre dans lequel aucune algue ne prospère, qu’elle soit "inférieure" ou même supérieure. Plus récemment, on a commencé à reparler d’aquariums "naturels" dont l’équilibre est davantage fondé sur les cycles de la nature, et dont la biomasse est beaucoup plus importante.
Les algues désirables
Elles sont appréciées lorsque leur croissance est contrôlable, et qu’elles ne nuisent pas aux autres hôtes de l’aquarium. Les algues calcaires rouges, aussi appelées corallines, sont présentes dans un aquarium récifal équilibré, et on considère que leur apparition est un signe de qualité satisfaisante de l’eau pour la maintenance des coraux. Elles peuvent disparaître même dans un bac récifal sain, en raison des éventuels prédateurs introduits - oursins notamment - ou d’un éclairage trop puissant.
Corallines, Photo Julien Théodulle.
Mais lorsqu’on parle d’algues désirables, on désigne plus souvent des caulerpes qui ont été parmi les premières chlorophytes (algues vertes) à être maintenues en aquarium marin. Leur culture était courante dans les premiers bacs marins, et leur croissance y était importante en raison d’un taux de nutriments dissous souvent élevé à cette époque.
Caulerpes, Photo Christian Seitz.
Avec les techniques actuelles, leur maintenance est plus difficile à gérer puisqu’on essaie le plus souvent de réduire au maximum les taux des nutriments dissous qui sont leur "carburant". A noter également qu’un autre type d’algue calcaire de la division des chlorophytes est bienvenu dans l’aquarium, ce sont les Halimeda sp. qui prennent l’apparence de touffes en chapelet de couleur très prononcée et de consistance rigide. Souvent rencontrées dans les zones protégées du récif, elles sont robustes en aquarium même si des risques de "lyse" sont toujours présents - comme pour les caulerpes -, provoquant un "relargage" des nutriments assimilés.
Halimeda, Photo Christian Seitz.
Quel intérêt en aquarium ?
Les algues supérieures extraient des nutriments du milieu afin d’assurer leur croissance. On peut considérer qu’elles recyclent de la matière d’origine organique, et donc se comportent comme des voies d’export lorsque l’aquariophile procède à leur taille et leur élimination. Ce sont ces facultés que plusieurs techniques de maintenance exploitent au travers de filtres à algues, d’abord celle de filtre "à gazon d’algues" du Dr Adey, et plus récemment la méthode « Ecosystem Aquarium » © de Leng Sy (voir encadrés).
| La méthode "Ecosystem Aquarium" |
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Cette méthode fait beaucoup parler d’elle Outre Manche et Outre Rhin depuis quelques années en raison des résultats « miraculeux » qu’elle apporterait. Le principe de cette méthode est relativement simple. Il est fondé sur les capacités de filtration des algues : une culture d’algues supérieures est réalisée dans la décantation sur un substrat de très fine granulométrie complété d’une boue appelée "miracle mud" ©. Plusieurs préconisations concernant le volume de culture, les conditions de maintenance (éclairage, brassage) sont données par le concepteur de la méthode mais elle reste toujours "mystérieuse" à ce jour et surtout très peu éprouvée… |
Il est parfaitement possible d’utiliser les algues dans l’aquarium marin "classique" en complément des autres méthodes de recyclage de la matière. De plus, une caractéristique des algues supérieures - souvent oubliée des aquariophiles - est leur croissance plus importante que les algues inférieures. Par conséquent, en cas de compétition elles prennent le dessus avec un esthétisme bien meilleur et un contrôle plus aisé.
Coté paysager et biotope, on sent une nette tendance ces dernières années à vouloir reproduire dans les aquariums marins des milieux plus proches de la nature. Avec une maîtrise bien meilleure des cycles de la matière dans l’aquarium marin, on parle aujourd’hui "d’écosystèmes naturels" , qui prennent tout leur sens avec l’écotypisme. Sur le récif, il existe une succession de zones aux caractéristiques environnementales et écologiques bien distinctes qui abritent des populations de vertébrés et d’invertébrés spécifiques. Tenter de reconstituer une surface particulière du récif avec ses caractéristiques et ses habitants, c’est vouloir réaliser un aquarium écotypique. Dans les zones en arrière du récif, la biomasse et les flux de nutriments sont très importants et ces lieux sont souvent caractérisées par la croissance d’algues et de plantes marines, en particulier dans le lagon. Il est donc possible en milieu captif de se rapprocher de ces conditions en adaptant la technique de maintenance aux animaux et aux végétaux que l’on souhaite héberger. La présence d’algues supérieures permettra une augmentation de la biodiversité par la variété de la microfaune qui y réside, mais elle est également indispensable à la maintenance de certains animaux aux besoins particuliers comme les hippocampes et tous les représentant de la famille des Syngnathidés.
| Le microcosme Adey |
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C'est dans le milieu des années 70 que le docteur Adey développa un système naturel basé sur l'utilisation de filtres à gazon d'algues (vertes, filamenteuses, chevelues de type Enteromorpha sp). Plus précisément, ce système qui concerne plutôt les bacs de gros volume est constitué d'une importante quantité de roches vivantes reconstitutant un récif central avec notamment la crête récifale et les deux pentes, la pente externe étant brassée par le flux d'une machine à vagues (boite basculante). En annexe, une cuve plate de grande surface, très éclairée et équipée d'une grille servant de support au gazon d'algues est alimentée en eau du bassin par le biais d'une deuxième boite basculante. L'eau circulant en lame sur le gazon d'algues est épurée par celles-ci avant de retourner à l'aquarium. Les algues sont régulièrement élaguées ou raclées et sont alors, soit jetées, soit distribuées en guise de nourriture aux poissons du microcosme, qui ne sont pratiquement pas nourris en dehors de cet apport. Le récif, est bien entendu, puissamment éclairé et un lit de sable coralien couvre le sol. Les renouvellements d'eau sont très réduits (1 à 5% par mois).
Ce qui est très intéressant dans ce système, c'est l'uitilisation d'une machine à vagues qui apporte un brassage aléatoire vigoureux (particulièrement le type à boite basculante). De plus l'effet visuel est très beau. Le filtre à algues, bien qu'encombrant et d'entretien contraignant, présente l'avantage, si le cycle lumineux est inversé par rapport à l'aquarium, de modérer les variations nycthémérales du pH (en absorbant le CO2 responsable de l'acidification nocturne).
L'inconvénient, c'est que peu de bacs fonctionnent avec le système complet, difficile à mettre en place chez un particulier, et de surcroit très coûteux si l'on veut reconstituer la structure d'un récif dans son intégralité, au vu de la quantité de roches vivantes nécessaires. Les coraux durs à petits polypes semblent ne pas se satisfaire de ce système, de plus l'eau prend rapidement une couleur jaune peu esthétique. En effet, les algues relarguent beaucoup de composés colorant l'eau (dérivés des phénols et autres composés aromatiques) qui peuvent, de surcroit inhiber la croissance de de certains invertébrés.
Il serait certainement intéressant, lors de l'emploi d'un filtre à algues, d'utiliser un écumeur ou d'employer temporairement du charbon actif afin d'éliminer les composés colorant l'eau. Ceci permettrait de bénéficier des avantages de la méthode Adey tout en limitant les inconvénients.
(extrait du numéro d'avril 2000 d'Aquarium Magazine : "Des bacs et des méthodes" de Benoit Lamort.)
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Comment les cultiver
Curieusement, la culture des algues supérieures dans l’aquarium récifal moderne semble aujourd’hui plus difficile qu’il y a quelques années. Encore une fois, tout est question d’équilibre : les méthodes de maintenance modernes privilégient l’export, aboutissant à des taux de nutriments dissous très faibles et favorisant une prédation importante par les herbivores. Ces méthodes fonctionnent très bien mais atteignent leurs limites quand il s'agit de maintenir des animaux ou des végétaux des milieux moins oligotrophes.
Pour cultiver des algues supérieures, il faut veiller à ce que les capacités de filtration ne soient pas surdimensionnées, notamment l’écumeur, et qu’il n’y ait pas ou peu de consommateurs de ces algues (poissons-chirurgiens, blennies, oursins). Il convient aussi d’offrir une luminosité adaptées, ce qui est généralement le cas en aquarium récifal.
Une autre difficulté est liée à la culture elle-même et s’avère difficilement maîtrisable. Lorsque les conditions du milieu changent (température notamment) ou après une taille trop importante ou encore pour d’autres raisons (pas forcément connues), on observe un phénomène de "lyse" qui correspond à la mort des algues concernées, précédée d’un relargage important de matière organique pouvant induire un déséquilibre de l’écosystème. Ce phénomène est plus courant avec certaines espèces comme Caulerpa racemosa et Caulerpa prolifera . Il est lié le plus souvent à une reproduction sexuée. C’est pour cette raison que ces espèces de caulerpes sont à maintenir avec précaution, en les taillant régulièrement plutôt qu'en intervenant massivement.
Caulerpa prolifera, Photo Julien Théodule.
| Le refuge |
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La culture des algues supérieures peut être réalisée dans le bac d’ensemble, mais elle est aujourd’hui devenue très courante dans les "refuges", petits bacs additionnels connectés au bac principal dans lesquels ne se trouvent aucun prédateur afin de favoriser la présence de microfaune. Les refuges sont les lieux idéaux pour une culture d’algues supérieures reliée au bac principal et permet, en plus d’une capacité d’export plus importante, une plus grande biodiversité, y compris au sein de la microfaune. Ils sont faiblement brassés et éclairés avec des sources lumineuses dont la température de couleur est voisine de 6000K. Une couche de sable fin permet aux algues de développer des pseudo-racines qui empêchent le substrat de se colmater et facilite la colonisation en microfaune et bactéries.
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Article écrit par Florian Lesage & Hervé Rousseau et publié par Récifs.org le 16/03/06
Pour en savoir plus
Les macro-algues - Un petit coin de verdure, par Stéphane Dumont.
Aquarium Magazine Juillet 2003
Les caulerpes - Corail info. Aquarium Magazine Janvier 1998
Faire pousser les caulerpes, par Catherine David. Aquarium Magazine Mai 1996
Algues, de Julian Sprung, édité par Ricordea Publishing, distribué par Aquarium Sytems.
Cet article est paru dans Aquarium Magazine n° 211 après correction de la rédaction n'engageant pas la responsabilité des auteurs.
Egalement disponible sur le site sur ce sujet :
Base de connaissance
Les algues indésirables
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