News: Récifs coralliens en crise
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Dans son numéro du 26 juin 2004, le fameux journal scientifique Nature a publié un très bel article de revue sur les récifs coralliens et les raisons de leur déclin. La compréhension des mécanismes en jeu est en effet la première étape vers une protection efficace et une meilleure gestion de ces milieux uniques. Certaines convergences entre ce qui est observé dans nos bacs et dans la nature sont tout à fait remarquables.
Un récif en bonne condition est un récif dominé par les coraux. Le premier signe de dégradation d'un récif corallien est le développement anormal d'algues. Les algues entrent alors en compétition avec les coraux. Une augmentation des nutriments dissous (phosphates, nitrates, etc...) et une diminution de la population en poissons herbivores sont les deux facteurs essentiels dans l'apparition des algues. Dans ce récif dégradé, les algues sont consommées par les invertébrés herbivores dont la population s'accroît, en particulier celle des échinodermes. Si les poissons qui consomment normalement ces invertébrés ne sont plus assez nombreux, on assiste à une explosion de la population des oursins qui consomment toutes les algues jusqu'à provoquer leur propre disparition. Les oursins, beaucoup plus destructeurs que les poissons herbivores, auront également contribué à la disparition des coraux en empêchant notamment l'implantation des nouvelles larves. Le récif autrefois riche et productif n'est plus qu'un amas de roches sans vie. Un tel scénario a conduit à la destruction de la majeure partie des récifs des Caraïbes.
Lorsque les populations piscicoles de la Grande Barrière de corail et des Caraïbes sont comparés, il apparaît très clairement un déficit d'espèces dans la seconde région. Il en est de même pour les espèces de coraux. Cela pourrait expliquer la vulnérabilité des récifs caraïbes qui sont moins capables de résister aux changements induits par les activités humaines. Le passage entre états de plus en plus dégradés du récif serait facilité.
Bien que ne constituant qu'une fraction minoritaire de la biomasse d'un récif corallien, les poissons herbivores et carnivores qui jouent un rôle clé dans le maintien de cet écosystème constituent l'essentiel des prises de la pêche traditionnelle et de celle du commerce des poissons vivants. Les auteurs de l'article suggèrent que la conservation des récifs passe par une nouvelle gestion qui prenne en considération la notion de groupes fonctionnels d'espèces et par la création de réserves bien plus importantes que celles existant actuellement.
Référence "Confronting the coral reef crisis" D. R. Bellwood, T. P. Hughes, C. Folke and M. Nyström. Nature 2004 Vol 429 Page 827-833
News proposée par Florian Lesage le 02/07/04
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