Invertébrés: Les holothuries et les ophiures en bac récifal
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Les holothuries sont appelées familièrement concombres de mer à cause de la forme cylindrique de leur corps. On peut distinguer celles qui vivent dans la boue sableuse, celles qui vivent sur le sable et les planctophages qui montent au sommet des roches pour y étendre leurs tentacules et profiter des courants riches en plancton. Les espèces qui peuvent nous intéresser en aquariophilie récifale passent leur vie à ramper sur le fond des océans, dans les eaux tropicales de faible profondeur et à se nourrir de sédiments dont elles extraient les détritus, algues et bactéries à l'aide de tentacules spécialisées situées autour de leur bouche.
A première vue ces animaux n'ont pas l'air d'avoir grand chose en commun avec leurs parents les étoiles de mer, les oursins, les comatules et les ophiures. Et pourtant, ce sont également des échinodermes. Où sont passées les épines et cette symétrie radiale à cinq côtés si typique ? Et les tubes ambulacraires, terminaisons du système vasculaire ? Ils sont bien là et on les retrouve dans les cinq rangées d'ambulacres situées en partie sous le corps. Allant de la bouche à l'anus et plus ou moins visibles selon les espèces mais toujours évidentes au niveau de l'orifice buccal où ils se spécialisent en tentacules, multiples de cinq, leur servant à attraper la nourriture. Si les épines ont disparu, leur squelette calcaire est enfoui sous le derme épais et composé de milliers de petites plaques calcaires microscopiques, les ossicles. La taille des holothuries varie selon les espèces de 2 cm à 2 m.
Photo, Julien THEODULE
On ne peut pas dire que leur apparence soit très attirante mais le fait qu'elles participent au recyclage des sédiments peut tenter l'aquariophile récifaliste. Elles remuent le sable en permanence contribuant ainsi à l'aération du substrat et favorisant la régénération du film bactérien ce qui est particulièrement bénéfique pour les aquariums dans lesquels on a choisi d'avoir un lit de sable vivant de bonne épaisseur.
Contrairement aux autres échinodermes, elles ont un "devant " et un "derrière " et elles se déplacent dans une seule direction, l'avant étant là où se trouve l'orifice buccal. L'intestin est un tube allant de la bouche à l'anus en faisant une boucle à l'intérieur du corps. On peut d'ailleurs bien voir les pelotes fécales laissées derrière l'animal et constituées de sable parfaitement nettoyé. La digestion par les sucs acides libérent également un petit (très petit !) supplément de calcium et de carbonates dans l'eau du bac. Les parois internes sont parcourues par cinq muscles allongés leur permettant de se déplacer par des contractions musculaires, de la même façon que nos vers de terre .
Les holothuries respirent à l'aide de ramifications branchues partant de l'anus et remontant à l'intérieur du corps. Des contractions cloacales forcent l'eau à l'intérieur de ces tubes où elle se mélange aux flux corporels en les approvisionnant en oxygène. Elles sont sexuées mais sans dimorphisme sexuel apparent. Leur technique de reproduction est similaire à celle des autres échinodermes qui relâchent leurs gamètes sous l'influence de divers stimuli environnementaux. Le fait le plus notable est que les concombres de mer adoptent une attitude appelée la «posture du cobra», consistant à ériger la partie arrière de leur corps pour expulser sperme et oeufs en pleine eau.
La majorité des espèces possèdent des organes internes que l'on appelle les tubes de Cuvier, qui sont des ramifications spécialisées de leur système respiratoire et qu'elles peuvent expulser en cas de danger, ou de décès, sous formes de filaments gluants. En milieu naturel les prédateurs potentiels s'enfuient rapidement à bonne distance tandis que le concombre s'éloigne tranquillement. Malheureusement, dans un espace confiné comme nos aquariums, les poissons ne peuvent pas s'éloigner suffisamment et meurent en quelques minutes, leur système respiratoire paralysé par les neurotoxines. Une filtration sur charbon actif élimine ces toxines relativement vite, mais pas assez pour la population piscicole. Les concombres régénèrent les organes éviscérés sur une période d'environ deux mois et certaines espèces d'eau tempérée font cette opération annuellement, sans cause de stress, uniquement pour les renouveler.
Peter Wilkens dans les années 80 recommandait la maintenance des holothuries en bacs marins et il fut l'un des premiers à faire amende honorable et reconnaître que cette maintenance pouvait être comparée à une bombe à retardement. Les plus belles, comme les Paracucumaria sp. et les Pseudocolochhirus sp. sont extrêmement dangereuses car elles contiennent des poisons, appelées holothurine et holotoxine, à haute concentration. Il faut donc se méfier tout spécialement des spécimens très colorés, que l'on peut même qualifier de beaux, que l'on trouve assez souvent chez nos revendeurs.
Photo, Vincent CHALIAS (www.amblard.fr)
Ces holothuries là sont des planctophages qui rampent le long des vitres pour étendre leurs innombrables tentacules ramifiés dans le courant afin de capturer les minuscules particules qui leur servent de nourriture. Ce faisant, elles s'approchent des crépines des pompes où elles finissent en général aspirées et broyées, libérant leurs toxines létales pour tous les poisons du bac. Elles aiment également se placer à proximité du peigne de la colonne de débordement, zone riche en détritus divers, et risquer ainsi d'être entraînées dans la tuyauterie en provoquant un débordement du bac mais ce fait est plus rare.
Sachant cela, il vaudrait mieux bannir ces hôtes de tout aquarium contenant des poissons et les réserver à des bacs spécifiques puisque les invertébrés ne sont pas incommodés par ce genre d'accident. Pour ceux qui veulent vivre dangereusement, on trouve dans le commerce aquariophiles certaines espèces, de tailles relativement modestes, qui semblent moins à risque à condition de protéger les crépines des pompes par des mousses. Dans les éléments positifs en leur faveur, elles apportent un réel plus dans l'entretien du sol. Mais malheureusement à plus ou moins long terme, elles meurent et tous ceux qui avaient des doutes sur cette affirmation ont pu constater qu'il est fréquent que l'on entende parler de catastrophe majeure avec leur maintenance, cela arrive régulièrement et est rapporté dans les divers forums du monde entier.
Photo, David EXCOFFIER ... Photos, Vincent CHALIAS (www.amblard.fr)
Les concombres de mer vivant sur le sol se nourrissent sur des substrats de granulométries différentes selon les espèces et ils ne peuvent pas s'adapter à une taille de grains de sable qui ne leur convient pas. Contrairement à ce ce que l'on peut voir sur les photos, le gravier sur lequel ces holothuries sont photographiées est loin d'être l'idéal. En fait, il leur faut un sable d'une granulométrie que l'on ne trouve en général que dans les aquarium de type D.S.B. (lits de sables épais) et comprise entre 0.6 et 2 mm. Il faut aussi que le milieu soit suffisamment riche en sédiments pour qu'elles ne meurent pas de faim.
Quand le sol s'appauvrit, ces holothuries cherchent leur nourriture ailleurs et elles commencent à s'aventurer sur les vitres ; c'est à ce moment là que les risques deviennent réels, au fur et à mesure qu'elles s'approchent des pompes et autres endroits potentiellement dangereux.
Le choix se portera sur les espèces de la famille des Holothuria généralement plus inféodés au substrat comme H. edulis rose et marron,
H. atra
dont le derme entièrement noir semble de velours, "H. impatiens, le "Tiger Tail cucumber" des Caraïbes, aux ambulacres proéminents et à la peau tachée de brun et de jaune, très similaire à son parent de l'Indo-Pacifique H. hilla, ou encore H. flavomaculata ci-dessous.
Photos, Vincent CHALIAS (www.amblard.fr)
Certains revendeurs proposent également de temps en temps des Boadschia sp. (ou Bohadschia) et des Stichopus sp. Stichopus chloronatus, un concombre au corps noir parsemé de protubérances coniques.
D'autres petits exemplaires comme les Synaptula sp. peuvent arriver avec les pierres vivantes.
Une extrême prudence est de rigueur avec ces animaux en sachant que c'est une maintenance à très haut risque, malgré les bienfaits incontestables qu'ils apportent dans un aquarium récifal comportant une couche de sable dont il faut assurer l'entretien et, qu'à l'idéal, elles ne devraient être conseillées que dans les bacs d'invertébrés sans poissons.
Il peut paraître déprimant de constater que dans l'énorme embranchement des échinodermes comprenant plus de 6000 espèces, si peu soient compatibles avec un bac récifal, mais voici enfin un groupe à consommer sans modération ! Il s'agit des Ophiuroidés.
Photo, Christian Seitz
On les trouve dans tous les environnements marins, des pôles aux récifs des mers tropicales, près de la surface ou à de grandes profondeurs et même dans les estuaires en eau saumâtre, fait rarissime chez les échinodermes. Elles sont incroyablement nombreuses, souvent des milliers au mètre carré - ce qui explique mal pourquoi elles sont si coûteuses à l'achat d'ailleurs - mais difficiles à trouver car elles vivent cachées dans et sous les pierres où elles se tiennent généralement pendant la journée.
Photo, Julien THEODULE
On admet tout de suite leur appartenance aux échinodermes et on les assimile instinctivement aux étoiles de mer, avec néanmoins quelques différences notables. Les bras sont clairement démarqués du disque central et les plaques calcaires formant leur squelette sont beaucoup plus petites leur donnant une mobilité que n'ont pas les astéries. Cette souplesse de leur bras fait penser à un serpent d'où vient le nom d'ophiuroidé voulant dire "comme un serpent". Ces bras leur permettent de se déplacer beaucoup plus rapidement que les étoiles de mer en prenant appui de la patte directrice pour pousser avec un mouvement de rame des pattes latérales, de les enrouler autour d'une proie et de la porter à leur bouche. Ou tout simplement de s'enrouler autour de branches de coraux avec lesquels elles vivent en mutualisme comme avec certaines éponges. L'intestin n'est pas aussi complet et ne s'étend pas à l'intérieur des pattes. D'autre part, n'ayant pas d'anus, les restes de nourriture sont expulsés par le même orifice que celui par lequel elles sont rentrées, la bouche. Elles n'ont pas non plus la faculté d'évaginer leur estomac pour digérer leurs proies à l'extérieur de leur corps. Les sillons ambulacraires des étoiles de mer sont ouverts pour laisser passer les pieds tubulaires ce qui n'est pas le cas pour les ophiures. Leur organisation interne est assez simple : une mâchoire articulée avec des dents et un sac stomacal, cinq paires de bourses génitales inter radiales reliées aux gonades, un système vasculaire hydraulique et un système nerveux central, typiques des échinodermes.
Photo, Julien THEODULE
Leurs bras agiles sont constitués de sortes de petits os articulés faisant penser à une colonne vertébrale d'où leur nom d'ossicles vertébrales. Leur mobilité est due à des articulations en rotule et à un système de muscles et de ligaments. Les bras et le corps sont protégés par des plaques osseuses et les bras portent généralement des épines délicates plus ou moins discrètes.
Leur taille varie de quelques millimètres à une trentaine de cm pour les plus grands hôtes de nos bacs bien qu'il y ait des ophiures pouvant atteindre 1 m et plus dans les grandes profondeurs.
La littérature anglo-saxonne les nomme sous plusieurs appellations bien distinctes : chez les ophiuridés les "brittle stars" (étoiles fragiles) et les "serpent stars" (étoiles serpent) et chez les euryalidés les "basket stars" (étoiles panier). Les premières ayant des pattes dites communément poilues et les secondes les pattes dites lisses. Quant aux dernières, qu'il ne faut pas confondre avec les crinoïdes, nous n'en parlerons que très brièvement, leur maintenance en aquarium n'étant l'affaire que de rares aquariophiles, hautement spécialisés dans les animaux non dépendants de la lumière et nécessitant un nourrissage incompatible avec le récifal tel que nous le pratiquons majoritairement. La dénomination imagée "d'étoiles panier" vient du fait que les articulations de leurs pattes sont organisées différemment et leur permettent de les relever au-dessus de leur tête, donnant ainsi l'impression d'un panier. Ces bras sont fortement ramifiés pour filtrer le plancton comme chez les Astroboa sp. et Astrophyton muricatum à l'étrange apparence d'une gorgone mythologique. Elles se positionnent la nuit en haut des roches pour se nourrir des courants nourriciers chargés en micro plancton.
Les ophiures à pattes "poilues" s'alimentent de plancton dérivant qu'elles captent à l'aide de leurs épines étalées dans le courant mais sont aussi aptes à se nourrir de détritus, des déjections des poissons, de cadavres ou d'animaux agonisants. Toutes les ophiures sont aussi prédatrices de petits crustacés.
L'exemple type étant la belle ophiure verte de Bali, Ophiarachna incrassata diabolisée depuis de nombreuses années par les aquariophiles. En fait, il semble qu'il y a deux catégories de gens qui en possèdent : ceux qui n'ont jamais eu de problème avec, et ceux qui se plaignent de disparitions de petites blennies, gobies, Synchiropus sp. et éventuellement d'Astraea sp.. Si elles dépassent rarement 25 à 30 cm dans nos bacs elles peuvent atteindre 60 cm en milieu naturel et il est évident qu'elles sont plus aptes à se saisir d'animaux d'une taille plus importante comme des petits poissons inféodés au substrat et même d'autres ophiures. Il est toujours difficile de savoir si elles s'attaquent à des animaux sains ou affaiblis pour une raison quelconque. Mais dans nos bacs où la nourriture est beaucoup plus rare que sur les récifs, il est possible que la faim les pousse à développer des comportements plus agressifs uniquement pour assurer leur survie. On raconte qu'elles sont capables de piéger des animaux en soulevant leur corps, en prenant appui sur leurs pattes, pour former une cage. Lévitation partielle qu'elles emploient pour pondre d'ailleurs. Un poisson stressé pourrait ainsi trouver refuge entre ses bras et se retrouver prisonnier, asphyxié, puis dévoré. Cela serait plausible pour des ophiures de grandes tailles bien que celles-ci ne soient pas armées pour tuer ou empoisonner leurs victimes et que la majorité des poissons en bonne santé se libèrent facilement de leur étreinte.
Les ophiures à pattes lisses sécrètent un mucus pour capturer toutes sortes d'aliments microscopiques avec leur bras et pour se saisir de proies plus grosses comme les restes de nourriture que nous offrons aux habitants de nos bacs pour les ramener à leur bouche, comme un éléphant se sert de sa trompe. Il est amusant de constater que lorsqu'une ophiure avale une proie de grosse taille, son corps se dilate et forme une bosse qui ne se résorbera qu'une fois les aliments digérés.
Photo, Julien THEODULE
Manger et être mangé, ou la chaîne alimentaire
Nous avons lu plus haut que les ophiures se nourrissaient de détritus divers et de cadavres faisant ainsi office d'éboueurs et de charognards, il n'est donc pas surprenant de ne jamais retrouver le corps des poissons disparus dans un aquarium. Leurs senseurs chimiques, que l'on pourrait comparer à notre odorat, sont très développés et la moindre introduction de nourriture dans un univers clos comme nos bacs déclenchent une agitation fébrile chez ces animaux qui peut se traduire de différentes manières. Pendant que les plus grandes traversent le bac en quelques secondes en direction de la source d'émission, les plus petites agitent ou tendent leur bras, qui dépassent des roches dans lesquelles elles se cachent, dans l'espoir d'attraper au passage un peu de cette manne sans prendre trop de risques. Les minuscules ophiures blanches vivant dans le sol sont également très importantes pour la bioturbation en remuant les sédiments à la recherche de détritus et en participant à l'oxygénation de la couche de sable au même titre que les vers, les concombres de mer et autres animaux qui nous sont maintenant plus familiers pour l'entretien des lits de sables. Nous avons vu également qu'elles pouvaient être prédatrices à une petite échelle ce qui n'a généralement pas ou peu d'impact sur la biodiversité de nos bacs.
Photo, Julien THEODULE
Mais les ophiures font aussi partie de la chaîne alimentaire et sont plus souvent victimes qu'agresseurs. Elles sont la plupart du temps peu visibles, cachant leur corps pour ne laisser dépasser que leurs pattes. Ces bouts de bras, en remuant, sont très attirants pour toutes sortes de prédateurs comme les poissons, les crabes et certaines crevettes Alpheus qui n'hésitent pas à en couper une extrémité pour aller la manger bien tranquillement à l'abri de leur terrier. Elles ont un étonnant pouvoir de régénération, et ces bras repoussent en quelques semaines ce qui ne les affectent pas sauf, bien sur, si tous leurs bras ont été dévorés. Dans ce cas là elles ne peuvent plus pourvoir à leurs besoins et meurent très lentement de faim. Elles peuvent également, à partir d'un bras, reconstituer un individu entier, une forme de reproduction asexuée. Se séparer d'un bras et une technique de défense qui a pour nom autotomie. Elles s'en servent en cas de stress comme une attaque de prédateur ou un changement de conditions environnementales brutal. Une autre technique de défense étant simplement l'application de l'adage : "pour vivre heureux, vivons cachées ! ", raison de leur discrétion dans nos aquariums.
Ophiures et mutualisme
Certaines ophiures sont d'une importance vitale pour des animaux comme les éponges et certains coraux branchus. Les éponges sont des filtreurs qui se nourrissent des fines particules qu'elles capturent dans l'eau. Au bout d'un certain temps les plus petits orifices arrivent à être obstrués par des particules trop grosses pour être absorbées en mettant en danger la survie de l'éponge. En vivant à l'intérieur des larges canaux de ces animaux sessiles et en ne laissant dépasser que leurs bras, les ophiures balayent et nettoient la surface de l'éponge en récoltant ces particules pour s'en nourrir, assurant ainsi à l'éponge de pouvoir continuer à s'alimenter tandis que l'ophiure est elle-même logée et nourrie à l'abri des prédateurs. Il n'est pas rare qu'un amateur tenté par la belle éponge bleue Haliclona découvre une ou plus de ces ophiures comme hôtes, qui d'ailleurs se reproduisent bien et rapidement.
Quelles ophiures ?
Photo, NOAA
Il existe plus de 1600 espèces d'ophiures et il est assez difficile, même pour les biologistes, de mettre un nom d'espèce sur chacune. Certaines arrivent comme passagers clandestins avec les pierres vivantes, le sable vivant et avec les coraux que nous achetons. Elles sont pour la plupart blanches et de taille millimétrique, généralement entre 10 et 20 mm et s'enfouissent dans le sable alors que d'autres font à peine quelques centimètres et peuvent avoir 5 ou 6 bras ornés de bandes colorées comme Ophiactis savignyi.
Elles sont extrêmement discrètes, et on les aperçoit que très rarement soit en remuant le sable pour les premières soit à l'occasion d'inspections nocturnes à l'aide d'une lampe de poche pour les secondes. Leur taille en fait des proies faciles et nous pouvons parfaitement ignorer leur existence dans nos bacs. Celles que nous achetons sont d'une taille de l'ordre de 12 à 20 cm adultes, parfois jusqu'à 30 cm mais il vaut mieux les choisir petites, les grandes pouvant devenir dangereuses pour les petits poissons et invertébrés surtout dans des bacs pauvres en déchets divers.
Certaines sont reconnaissables aisément, comme Ophiarachna incrassata
pour, lesquelles le principe de précaution voudrait que l'on ne la mette que dans des bacs avec des poissons de taille respectable mais se serait elle qui serait le plus en danger, il est donc préférable d'éviter de les acheter. Beaucoup d'ophiures communes (Ophiothrix sp., Ophiocoma sp., Ophiocoma brevispinum ) ont un corps de couleur unie, de noir à gris clair avec toutes les nuances intermédiaires. Elles peuvent aussi avoir des bandes sur les pattes ce qui les rend plus attractives mais celles que nous recherchons pour leur rareté sont les belles ophiures de couleur uniforme rouge vif, vert pâle, orange, ou aux pattes ornées de bandes contrastées (Ophiocoma scolopendrina), couleur sable à bandes noires (Ophiolepsis superba
et Ophiarachnella sp.), sable à bandes rouges (Ophiarachnella gorgonia) et encore rouge à bandes jaunes (Ophiopeza.sp).
On choisira de préférence les pattes lisses ou aux épines discrètes plutôt que les pattes "poilues" par principe de précaution.
Malheureusement celles ci sont rares à la vente et pour se consoler on peut se dire que comme on les voit peu sortir de leur abri, nous serons déjà content de trouver n'importe laquelle de ces espèces qui fera le même " travail " !
Par travail, il faut entendre qu'elles seront infatigables pour débarrasser votre aquarium de tout reste de nourriture, de déchets organiques et des cadavres des autres habitants du bac.
Photo, Julien THEODULE
Comme tous les échinodermes acceptables et désirables en bacs récifaux, les ophiures et les holothuries vivent dans une eau à la densité stable comprise entre 1024 et 1026. Leur acclimatation doit se faire avec soin pour éviter qu'un stress trop important induise une éviscération des unes ou une autotomie des autres, et on doit éviter que de l'air pénètre dans leur corps ce qui serait susceptible de détériorer leur système vasculaire. Pour les holothuries compatibles avec un lit de sable épais, la granulométrie de celui-ci doit être comprise majoritairement entre 0,02 et 2 mm. Le bac ne doit pas être dépourvu ou trop pauvre en sédiments, ceux-ci constituant l'aliment principal de ses divers hôtes. Ces animaux ont toutefois une bonne résistance générale et le choix et les stocks disponibles épisodiquement chez les vendeurs, nous inciterons à faire de fréquentes visites à la recherche d'un des trop rares spécimens désirés. Le transport ne pose pas de problème et l'acclimatation doit être lente pour qu'ils aient le temps de s'adapter progressivement aux nouveaux paramètres de leur futur habitat sans stress supplémentaire.
Photo, Christian Seitz
Pour en savoir plus :
Indo-Pacific Coral Reef Guide - Dr. Gerald Allen & Roger Steene
http://home.att.net/~ophiuroid/home.html - Susan Hottenrott
Hyman, L. H. 1955. The Invertebrates. Volume IV; Echinodermata. McGraw-Hill, New York
Gherkins to Dills, The Cucumbers of the Sea - Ronald SHIMEK Ph.D. Aquarium.Net : http://members.home.net/kevdone/AF/Articles.html
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Article écrit par Christian Seitz et publié le 15/09/2004 par Récifs.org; Cet article est paru à l'origine dans Aquarium Magazine n° 182, en mai 2001 (après correction de la rédaction n'engageant pas la responsabilité de l'auteur), ainsi que sur le site de l'ARA.
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