Poissons: Pomacanthus imperator (Poisson ange empereur)
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Taille maxi : 40 cm en milieu naturel et 30 cm en captivité
Compatibilité vie captive : Bonne surtout pour les juvéniles
Compatibilité récifale : Moyenne
Volume minimum conseillé : 800 litres
Distribution géographique : Indopacifique
Disponibilité dans le commerce : Bonne
Prix : Elevé
Caractéristiques de l'espèce :
Pomacanthus imperator possède un corps ovoïde et plat. Les nageoires dorsale et anales sont allongées et se fondent parfaitement au reste du corps. La dorsale se termine en pointe dirigée vers le haut chez l’adulte sauf pour les populations de l’Océan Indien (Mer Rouge, Afrique, Sri-Lanka, Indonésie…) pour lesquelles elle est arrondie à l’extrémité. La bouche est en forme de bec, la proéminence des maxillaire et mandibule est importante et la dentition est composée de rangées de petites dents très fines. Il existe une épine défensive inclinée vers l’arrière située à la base de chaque opercule. La nageoire anale possède également des épines plus courtes au nombre de trois.
Une des caractéristiques de nombreuses espèces de Pomacanthidés est que la différence de patron de coloration entre individus juvéniles et adultes. Cette différence dépend de l’âge, de la maturation mais aussi des conditions environnementales auxquelles sont confrontés les poissons-anges.
Description de la robe du juvénile : Le corps est bleu foncé à noir avec des cercles concentriques ouverts de couleur blanche ou bleu clair dont un cercle fermé à l’arrière du corps qui sert de centre pour les autres. Notons que la présence de ce cercle fermé attire le regard des prédateurs qui attaquent volontiers cette partie du corps délaissant ainsi les organes vitaux. Ce leurre fonctionne un peu comme le « faux œil » de certains Chaetodontidés (poissons-papillons). Il existe une variation selon l’origine géographique : Certains individus ne possèdent pas de cercle fermé. La robe juvénile ressemble beaucoup à d’autres livrées de poissons-anges juvéniles, la confusion étant alors importante entre Pomacanthus imperator et P. semicirculatus, P. maculosus, P. asfur et Euxiphipops xanthometopon.
Photo, Hervé Rousseau
Description de la robe de transition (lorsque la taille de l’animal atteint 10 à 12 cm en moyenne) : le corps est alors bleu foncé à noir avec apparition de stries bleues en arrière des nageoires dorsale et anale. Ces stries forment un réseau de lignes avec une strie horizontale au sein du cercle fermé; les cercles concentriques s’aplatissent et forment également un réseau de lignes. On constate également un affinement des rayures présentes sur la tête et une coloration légèrement jaunâtre de cette dernière qui apparaît également sous forme de fines rayures sur les flancs.
Photo, Hervé Rousseau
Description de la robe des adultes : le corps est bleu à bleu turquoise parsemé de rayures jaunes remontant le long du corps. Le front est jaune tout comme les nageoires dorsale et caudale, une bande jaune partant de la base avant de la dorsale et se finissant à la base de l’opercule est également présente. L’opercule, les nageoires pectorales et anale sont noires à bleu foncé. Le« museau » est bleu pastel à clair entouré de bleu foncé. L’œil noir est noyé dans une bande de la même couleur partant de chaque opercule et entourant le museau, cette bande étant délimitée par une ligne bleue.
Photo, National Oceanic and Atmospheric Administration/Department of Commerce
Distribution et habitat
Pomacanthus imperator fréquente les récifs coralliens de la région Indopacifique : d’ouest en est : Mer Rouge, côtes est de l’Afrique jusqu’à Hawaï en passant par la Polynésie et les îles Tuamotu & du nord au sud : Sud du Japon (rare) à la Nouvelle-Calédonie en passant par l’Indonésie, les Philippines, la Mer de Corail et la Micronésie.
Il existe une différence d’habitat entre les juvéniles et les adultes : Les premiers vivent à proximité de cavités ou de surplombs des platiers récifaux peu profonds, les lagons et les passes peu profondes étant aussi des zones de protection pour ces derniers. Il n’est pas rare non plus de les observer près des patates coralliennes sur la pente externe.
Les adultes, quant à eux, affectionnent les zones coralliennes riches des lagons profonds. Le bon développement du corail et des éponges à ces endroits sont synonymes de ressources alimentaires abondantes pour les poissons-anges. Les lagons, les passes et la pente externe à des profondeurs qui ne dépassent pas 30 mètres sont des zones de prédilection pour Pomacanthus imperator adulte.
Comportement naturel
Le poisson-ange empereur est solitaire aussi bien à l’état juvénile qu’à l‘âge adulte. Toutefois, en période de reproduction, certains adultes peuvent évoluer en couple. Très territorial, ce poisson passe le plus clair de son temps dans son territoire à la recherche de nourriture. Il s’impose face à de petites espèces et n’hésite pas à se défendre face à d’autres congénères ou espèces de taille équivalente. Notons que lorsque P. imperator est dérangé, il peut émettre un grognement en signe de mécontentement ou d’inquiétude.
Il se nourrit essentiellement d’éponges, de tuniciers et de vers tubicoles qu’il arrache grâce à ses mâchoires puissantes. Les algues gazonnantes et certaines macro-algues vertes peuvent également apparaître au menu.
Comme bon nombre de poissons (y compris les murènes et les requins), Pomacanthus imperator se laisse volontiers déparasiter par le labre Labroides dimidiatus ou des crevettes barbiers du genre Lysmata. Inversement, certains juvéniles P. imperator déparasitent d’autres poissons comme les murènes par exemple !
Photo, National Oceanic and Atmospheric Administration/Department of Commerce
Reproduction
Cette espèce est hermaphrodite protogyne, ce qui signifie que les poissons naissent femelles et se transforment en mâles en vieillissant. Cette modification peut être induite par plusieurs facteurs : l’âge, la perte d’un individu dominant dans un groupe, les conditions environnementales… Un groupe reproducteur est un harem avec un mâle puissant à sa tête. En période de reproduction, le mâle choisi une partenaire ce qui forme un couple dominant. Il peut changer (…et il ne s’en prive pas) de partenaire au cours de la saison. Même si d’autres mâles sont présents dans le groupe, la hiérarchie est respectée et c’est le mâle dominant qui s’accouple avec plusieurs femelles.
La reproduction de cette espèce n’est pas bien connue. Les scientifiques savent que la ponte a lieu en fin de journée, probablement pour permettre de dissimuler les œufs pélagiques dans le plancton en profitant de la relative obscurité du soir. Les petits œufs évoluent en pleine eau jusqu’à rejoindre le large. C’est là que se développent les larves, elles-même pélagiques. Jusqu’à épuisement des réserves vitellines, elles vont évoluer au large du récif. Les larves retourneront métamorphosées dans le lagon en traversant les crêtes et les passes lors de marées nocturnes. L’évolution au large dans les premiers jours de la vie permet aux larves de s’abriter de la prédation grâce à leurs réserves. Ces réserves épuisées, les larves doivent –retourner pour chercher leur nourriture dans le lagon, là où règnent en maîtres les prédateurs. Le passage au large permet également un brassage génétique. Bon nombre de larves ne rentrent pas dans le lagon qui les a vu naître. Une dispersion des larves par les courants assure un renouvellement génétique des populations.
La reproduction en captivité n’a, à ce jour, jamais été obtenue. Le volume insuffisant, la cohabitation délicate de deux adultes, le développement pélagique des larves, la promiscuité de prédateurs sont autant de raisons supposées à cet échec.
Vie captive / relations inter-intra spécifiques
Pomacanthus imperator possède un territoire de plusieurs mètres voire dizaines de mètres carrés en milieu naturel. De par son comportement et sa taille, il n’est possible de l’héberger que dans un aquarium d’un volume réel minimum supérieur à 600 litres dans le cas d’un juvénile et à 800 litres dans le cas d’un adulte. 1000 à 1500 litres sont fortement souhaitables.
L’aquarium devra être composé d’un décor avec de nombreuses cachettes et sera idéalement de type central afin de permettre à P. imperator d’évoluer et de créer son territoire autour. Des pics, tombants et grottes réalisés grâce à une architecture de pierres vivantes et « mortes » semblent être le bon compromis entre effet naturel et maintenance adéquate du poisson-ange empereur.
L’eau doit être de très bonne qualité. Pomacanthus imperator évoluant souvent dans des zones bien brassées, l’hydrodynamisme du bac doit être satisfaisant. Un brassage d’au moins 5 à 10 fois le volume réel par heure est fortement conseillé.
Les relations intraspécifiques sont mauvaises même si il est possible de maintenir plusieurs juvéniles ensemble dans un grand bac. Pour autant, cette cohabitation n’est pas conseillé car, tôt ou tard, un individu deviendra dominant et exercera son pouvoir sur le reste du groupe. Les relations interspécifiques sont, quant à elles, plutôt bonnes avec des espèces paisibles. La présence d’Acanthuridés (chirurgiens), Chaetodontidés (papillons), d’espèces naines de Pomacanthidés, de Pomacentridés (clowns) et d’Holocentridés semble ne pas déranger notre imperator.
Photo, National Oceanic and Atmospheric Administration/Department of Commerce
Pathologies courantes
Pomacanthus imperator est très sensible à des parasitoses comme celles dues à Cryptocarion irritans (points blancs) ou Oodinium ocellatum (Oodinose ou maladie du velours). Les adultes semblent être une cible privilégié pour ces micro-organismes pathogènes. Une quarantaine est obligatoire. Une bonne acclimatation, une parfaite stabilité de la qualité de l’eau et un éventuel traitement aux UV doivent suffire à éradiquer le problème. Si toutefois ce n’est pas le cas, l’utilisation de traitements chimiques à base de sulfate de cuivre, formaldéhyde ou/et vert de malachite est nécessaire. Attention toutefois, ces produits sont toxiques au delà d’une certaine dose et surtout incompatibles avec les invertébrés. Il est impératif de bien se renseigner avant d’appliquer un traitement adéquat à la maladie et au sujet.
Conseils avant l’achat
- Acquérir de préférence un sujet juvénile plus facile à acclimater à la vie captive et la prise de nourriture inerte mais moins sensible aux parasitoses que les adultes.
- Observer la morphologie du poisson : pas de blessures et échancrures. Toutes les nageoires doivent être en bon état. Un ventre mince est synonyme d’une malnutrition qui peut être liée à de mauvaises conditions de maintenance ou à des pathologies, voire à une pêche à l’aide de produits chimiques…
- Demander à voir l’animal se nourrir
- Demander depuis quand le vendeur le possède dans son aquarium et quelles ont été les pathologies que le poisson a rencontré depuis son arrivée.
- Le poisson doit évoluer dans l’aquarium du détaillant. Un poisson caché tout le temps est un poisson stressé donc potentiellement à problème.
- Préférer les provenances du type Mer Rouge, Kenya, Maldives où la pêche est plus saine que celle pratiquée en Asie du Sud-Est (cyanure). Si ce n’est pas le cas, vérifier que le poisson que vous avez choisi est certifié MAC, c’est encore difficile à trouver mais plus la demande augmentera, plus les chances de voir des poissons-anges certifiés grandiront.
De réputation délicate, le poisson-ange empereur – Pomacanthus imperator de son petit nom –est en fait une espèce qui se mérite. Seule une maintenance adéquate, correspondant au plus près à son mode de vie, vous permettra de voir enfin ce poisson régner en maître, que dis-je en Empereur, dans votre aquarium.
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Article publié le 20/01/2004 par Ludovic Stroobants
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