Poissons: Synchiropus splendidus (poisson mandarin cachemire)
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Taille maxi (en captivité) : 10 cm
Compatibilité vie captive : Moyenne
Compatibilité récifale : Bonne
Volume minimum conseillé : 200 litres
Distribution géographique : Pacifique
Disponibilité dans le commerce : Bonne
Prix : Intermédiaire
Caractéristiques de l'espèce
Synchiropus splendidus possède un corps allongé et deux nageoires dorsales aisément identifiables : la première commence par une pointe haute et se termine par une pointe basse et peu marquée, la seconde est plus longue et se termine en arrondi. La tête est assez grosse, ce qui lui confère une apparence disproportionnée par rapport au reste du corps. De forme triangulaire, elle se situe dans le prolongement de celui-ci. Les yeux sont gros et mobiles. Quant à la bouche, située en position terminale, elle est petite et pointue. Les mâchoires supérieure et inférieure sont proéminentes.
Le patron de coloration bigarré de Synchiropus splendidus en fait un poisson particulièrement recherché pour sa beauté. Son corps est recouvert d’un mélange de vert, de jaune et d’orange en toile de fond. Des bandes – vert émeraude à vert bouteille –, avec un liseré bleu, parcourent le corps. Les nageoires dorsales et pelviennes sont ourlées d’un bleu azur avec un liseré – bleu foncé à vert – selon les individus. La caudale est vert-orange avec des bandes orangées et bleues. Les pectorales sont le plus souvent bleues. L’ensemble des nageoires – mis à part les pectorales – possède un bord bleu foncé. Les opercules sont bleus avec des tâches jaune- orangées. La tête est tantôt jaune, tantôt verte et parfois un mélange des deux avec des bandes bleu azur et un liseré bleu marine.
Le dimorphisme sexuel des poissons mandarins est bien marqué, les mâles sont généralement plus grands et plus gros que les femelles. Le caractère le plus évident est la longueur du premier rayon épineux de la première dorsale, celui-ci est deux fois plus long que celui de la femelle.
Synchiropus splendidus ne possède pas d’écailles dermiques et épidermiques, elles sont remplacées par une fine couche grasse de mucus qui joue un rôle de protection contre les agressions externes (parasitaires, bactériennes, virales…). On lui prête aussi un caractère nauséabond voire toxique, ce qui expliquerait que bon nombre de prédateurs supposés laisse en paix Synchiropus splendidus .
Tête de Synchiropus splendidus
Photo, Olivier TANTET
Distribution et habitat
Synchiropus splendidus est inféodé aux récifs peu profonds et abrités, et aux zones coralliennes au fond sablonneux. Sa présence a été observée, d’ouest en est, des Philippines et de Java jusqu’à l’est des îles Caroline et de la Nouvelle-Calédonie ; et, du nord au sud, des îles Ryukyu au sud de la Grande Barrière de corail australienne.
Répartition géographique de Synchiropus splendidus
Comportement naturel
Synchiropus splendidus est plutôt solitaire même si des individus peuvent être régulièrement observée en petits groupes ou en couples. Ce poisson mandarin est étroitement associé aux zones sablonneuses, ne s’en éloignant que pour "survoler" les parois récifales. C’est une espèce calme et lente, prête au moindre stress à se dissimuler parmi les coraux ou les anfractuosités. Elle passe une très grande partie de son temps à la recherche de nourriture, le plus souvent des micro-crustacés benthiques qu’elle déniche dans le sable ou bien à la surface des parois récifales.
Reproduction
Synchiropus splendidus est une espèce gonochorique, les sexes sont donc séparés. Sa parade figure parmi les plus belles de celles des poissons récifaux. Elle est tout simplement impressionnante. D’un naturel timide, cette espèce n’entamera sa parade qu’au crépuscule. La femelle manifestera alors sa prédisposition au mâle en revêtant un patchwork de couleurs. Le mâle, ainsi prévenu, rejoint la femelle et le couple entame un ballet spectaculaire vers la surface. Les deux individus tournoient de manière synchrone l’un autour de l’autre dans une espèce de "valse" rapide tout en exhibant fièrement leurs couleurs – surtout le mâle – et en déployant toutes les nageoires.
Mâle Synchiropus splendidus toutes nageoires déployées
Photo, Olivier TANTET
Mâle Synchiropus splendidus en parade
Photo, Olivier TANTET
Dans un dernier élan comme dans un somptueux final, le couple tourbillonne en s’élevant de quelques mètres au-dessus du fond en décrivant une trajectoire en ogive, au bout de laquelle les gamètes mâles et femelles sont émis. La fécondation n’a pas toujours lieu après la parade, parfois celle-ci ne sert que de simulacre d’accouplement. Ce n’est que rarement observé en milieu naturel mais beaucoup plus régulièrement en captivité. Une fois l’émission effectuée, le couple retombe doucement sur le substrat. Comme pour de nombreux poissons récifaux, cette méthode de reproduction favorise la dispersion du frai et le brassage génétique, opérés au gré des courants.
L’éclosion des œufs a lieu quelques jours après la fécondation. Tous les scientifiques ne sont pas d’accord sur la durée d'incubation, certains parlent de deux jours et d’autres citent une éclosion environ sept jours après la fécondation. On peut considérer toutefois que cette plage est acceptable d’autant que ces données sont corroborées aujourd’hui par des observations en aquarium. Toujours est-il que le pourcentage de larves évoluant jusqu’à l’âge adulte est très faible, probablement inférieur à 2%. Les larves sont pélagiques pendant deux à trois semaines puis colonisent une portion de substrat.
La reproduction de Synchiropus splendidus a été décrite depuis plusieurs années en aquarium.
Le rituel décrit ci-dessus a également lieu en captivité. La parade débute quelques minutes, voire quelques heures, après l’extinction de l’éclairage. Le couple se met à tournoyer verticalement et horizontalement tout en exhibant ses plus belles couleurs. De part la faible hauteur d’eau d’un aquarium, la ponte a lieu en surface.
Pour voir une vidéo de la parade de Synchiropus splendidus cliquez ici :
Vidéo, 750k (en cas de problème pour charger la vidéo, clic droit et enregistrer sous...)
La récolte des œufs n’est pas difficile, un gobelet suffit à les récupérer. Pour autant, il faut être rapide et être présent au bon moment sinon la ponte risque de ne pas durer longtemps sous les assauts des congénères de l’aquarium. Une technique qui a fait ses preuves auprès de plusieurs aquariophiles est de placer les œufs dans un petit aquarium de 1 à 2 litres où l’eau est constamment agitée pendant deux à trois jours. Cette agitation – un bullage modéré par exemple – doit être bien dosée pour éviter de détruire les œufs. Les essais dans une carafe de Zoug ou dans une bouteille renversée ont donné de bons résultats (observations personnelles). En règle générale, l’éclosion majoritaire a lieu durant cette période. Les larves mesurent 1 à 1,3 mm de long et possèdent une réserve vitelline encore proéminente. Elles doivent être séparées du reste de la ponte et placées dans un faible volume (deux à trois litres suffisent). Toute la difficulté de l’élevage larvaire se concentre à ce niveau; en effet, le nourrissage de ces larves est complexe. D’ailleurs, leur perte massive durant les premiers essais d’élevage amateur montre bien toute cette complexité. En effet, elles possèdent un régime alimentaire à base de plancton dont le détail n’est pas encore complètement connu en milieu naturel, et les seules nourritures de substitution qui ont fait leurs preuves en captivité, sont les larves de copépodes et certaines souches de brachions (les plus petites espèces). Il est assez délicat de récupérer ces larves. Le moyen le plus efficace est de filtrer de l’eau de mer naturelle à l’aide de tamis de mailles de 28 ou 48 µm.
Au bout d’une quinzaine de jours, les larves atteignent 2 à 4 mm de longueur, elles commencent alors à se nourrir de nauplies d’artémias fraîchement écloses. Progressivement, les larves, au fur et à mesure de leur croissance, doivent être déplacées dans des plus grands volumes d’élevage. Une des clés de la réussite avec le nourrissage est le maintien d’un faible nombre de larves en bac de grossissement. Pour cela, il est parfois nécessaire de diviser la population dans plusieurs petits aquariums. Au bout de deux mois, les larves mesurent environ 1 à 1,5 cm. Elles peuvent être placées dans un refuge peuplé de micro-organismes dont elles se nourriront.
Synchiropus splendidus
Photo, Christian SEITZ
Vie captive / relations inter-intra spécifiques
L’une des premières remarques qui revient lorsque l’on parle de la maintenance de Synchiropus splendidus en aquarium est sa difficulté. En effet, ce poisson est incontestablement plus délicat que d’autres, notamment au niveau du régime alimentaire. Ce dernier est très spécifique: en milieu naturel cette espèce se nourrit de petits crustacés benthiques. Il est donc indispensable d’héberger le poisson mandarin dans un aquarium adapté. Un bac récifal "mûr", âgé de six à huit mois est un minimum. Il doit être composé d’une quantité importante de Pierres Vivantes qui apportent une forte biodiversité animale et végétale essentielle à la maintenance de cette espèce. Dans cette configuration, Synchiropus splendidus passe la plus grande partie du temps à parcourir le substrat à la recherche de nourriture (mysis, amphipodes, isopodes, copépodes benthiques, etc…). Il est possible, mais pas toujours évident, de nourrir un mandarin à l’aide de compléments nutritionnels : nauplies et artémias adultes (vivantes et parfois congelées), mysis vivants ou congelés.
Le comportement intra-spécifique est plutôt bon entre mâle et femelle. A l’inverse, deux mâles vont très vite en venir au combat qui se termine la plupart du temps par la mort du plus faible. La maintenance d’un individu seul - ou en couple s’il y a suffisamment de pierres vivantes – est la plus conseillée.
Le comportement interspécifique est bon avec des espèces calmes. L’association avec des gobies, des poissons-fléchettes (Nemateleotris sp., Ptereleotris sp. ), des hippocampes et des syngnathidés, même si la maintenance de ces derniers est délicate, est un bon exemple de cohabitation adaptée. Il faut essayer de respecter la distribution des poissons dans toutes les couches de l’aquarium. La concurrence alimentaire doit également être évitée car elle se fait la quasi-totalité du temps au détriment du poisson mandarin. C’est la raison pour laquelle il faut éviter la cohabitation avec Paracheilinus hexataenia par exemple.
Synchiropus splendidus est un poisson exigeant au niveau de la qualité de l’eau, une densité constante, évoluant entre 1.024 et 1.026, et une température comprise entre 24 et 26°C sont des valeurs conseillées.
Synchiropus splendidus est parfois considéré comme un auxiliaire utile dans la lutte contre les planaires. Même si cela a été observé, ce n’est pas en soit une solution efficace contre les planaires. Son cousin Synchiropus picturatus apparaît un peu plus intéressant pour cela.
Synchiropus splendidus
Photo, Christian SEITZ
Conseils avant l'achat
- Vérifier l’état d’embonpoint du sujet que vous désirez acheter. Eviter impérativement tout individu maigre.
- Observer la morphologie du poisson, il ne doit pas y avoir de blessures ni d’échancrures. Toutes les nageoires doivent être entières.
- Observer le comportement du poisson : est-il confiné dans un côté de l’aquarium ? Parcourt-il la surface du décor ? S’il se cache, il ne faut pas en tirer de conclusions hâtives, ce poisson est timide.
- Observer les poissons qui cohabitent avec lui dans l’aquarium. Vérifier qu’il n’y a pas d’espèces trop turbulentes. Si c’est le cas, vérifiez de nouveau le comportement de Synchiropus splendidus vis-à-vis de ces dernières.
- Demander depuis quand le vendeur le maintient dans son aquarium et quelles ont été les pathologies que le poisson a rencontré depuis son arrivée.
- Demander si le poisson que vous souhaitez acheter est certifié MAC. Synchiropus splendidus fait régulièrement parti des espèces listées faisant partie d'exportations certifiées.
Très délicat de réputation, Synchiropus splendidus n’en est pas moins un poisson particulièrement intéressant pour l’aquariophile. Outre sa beauté, son comportement et sa fabuleuse parade sont autant de raisons d’apporter à cette espèce tout le confort qu’elle mérite. C’est à ce prix que vous aurez peut-être la chance d’être un jour "parent" de ce petit bijou de la nature.
Références :
Basslleer G., 2000. Maladies des poissons marins en aquarium, Editions Bassleer Biofish, Westmeerbeek, Belgique, 96p.
Delbeck J.C., 1989. The Mandarin Fish: Synchiropus splendidus.
http://www2.hawaii.edu/
( existe en version française sur le site : http://mars.reefkeepers.net/
Delbeeck J.C. & Sprung J., 1997. L’aquarium récifal vol. 1, Editions Ricordea publishing, Floride, USA, 544p
Lieske E. & Myers R.F., 1995. Guide des poisons des récifs corallines, Editions Delachaux & Niestlé, Lausanne, Suisse, p118.
Mai W. Reproduction réussie de Synchiropus splendidus. http://www.aquarium32.com
Scazzola L. Synchiropus splendidus : mini-dragon bariolé, Aquarium Magazine N°171 , pp52-56
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Article publié le 15/06/2004 par Ludovic Stroobants
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