Ecologie: Une formation MAC pour les pêcheurs indonésiens
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La première formation MAC en Indonésie pour la prise de conscience des pêcheurs sur les conséquences des mauvais traitements et du stress après collecte, et les meilleurs moyens d’y remédier !
Le concept de MAC : :
détailler la tâche complète de MAC n’est pas l’objet de cet article, mais il est important d’en connaître les fondements. Pour les anglophones qui souhaiteraient en savoir plus, n’hésitez pas à visiter le site Web du MAC à l’adresse suivante : www.aquariumcouncil.org . Le «Marine Aquarium Council», dont l'acronyme est MAC, est une ONG américaine basée à Hawaii. Son objectif est d’améliorer la qualité des animaux marins pour aquarium, de réduire l’impact de leur collecte sur l’environnement… en créant un système de certification internationale pour tous les intervenants de ce secteur d’activité.
C’est un travail titanesque qui mettra plusieurs années avant d’être achevé. Mais le devenir de l’aquariophilie marine en dépend. Ce système pourrait très bien devenir un modèle pour les autres secteurs d’activité dépendants aussi de la collecte d’animaux sauvages. Après avoir été pendant longtemps la cible privilégiée des associations de protection de l’environnement, l’aquariophilie marine à enfin la chance de devenir un modèle.
Le travail du MAC commence par une étude du milieu : étude des zones de pêches, établissement de zones «réserves» interdites à la collecte, établissement de groupes de pêcheurs sur ces zones, etc…
Elle se poursuit par une formation de tous les acteurs de la chaîne commerciale : les pêcheurs sont formés aux techniques de pêches non destructives, aux différentes méthodes de plongée, d’emballage, de maintenance et de traitements des poissons ; les exportateurs, importateurs, grossistes et détaillants sont formés aux techniques d’acclimatation, de maintenance, de traitement et d’emballage, afin d’offrir à la vente des animaux en bonne condition.
Photo, Vincent CHALIAS (www.amblard.fr)
Dans le concept MAC, tout ce petit monde est certifié.
Le mot clef de ce concept est : « traçabilité » c'est-à-dire que tous les poissons portent un numéro qui identifie de manière unique l’animal et sont accompagnés en plus des informations comme le lieu de pêche, le pêcheur, etc…
La seconde clef de ce concept est le 1% de mortalité : entre chaque intermédiaire de cette chaîne, la mortalité doit être inférieur à 1% sous peine de voir les poissons du même lot perdre leur certification.
Ces deux points sont les plus difficiles à accepter par les professionnels et attirent leurs foudres, car ils entraînent de nombreuses conséquences, notamment au niveau de la quantité de «paperasse» à remplir.
À ce jour seuls quelques pêcheurs philippins ainsi que quelques exportateurs, quelques importateurs américains et européens, et seuls quelques magasins américains sont certifiés.
L’urgence est d’avoir des pêcheurs et des zones de pêche certifiés au plus vite, car le principal facteur ralentissant est justement l’approvisionnement. Hors c’est là qu’il y a le plus gros travail à faire.
Situation en Indonésie :
L’Indonésie est le principal fournisseur de poissons, coraux et autres invertébrés marins pour l’aquariophilie marine au monde.
Les récifs indonésiens subissent d’énormes pressions anthropologiques par la pollution, le tourisme, le dynamitage, le cyanure, le blanchiment des coraux, la pêche…
Le système de pêche pour l’aquariophilie nécessite vraiment des réformes et des changements.
Même si il existe une forme de collecte faite par les populations locales, la majeurs partie des collecteurs sont employés par des patrons de pêche, qui envoient leur «flotte» aux quatre coins de l’Indonésie pour collecter le maximum d’animaux, ils les regroupent et ensuite les revendent aux exportateurs.
Photo, Vincent CHALIAS (www.amblard.fr)
Très peu d’exportateurs possèdent leurs propres pêcheurs.
Les collecteurs sont en général de jeunes Javanais, venant des zones défavorisées des montagnes de l’est de Java. Ils font ça pendant quelques années avant de ramener leur petit «pactole» dans leur village, se marier, fonder un foyer et ouvrir un petit commerce. Ce schéma bien qu'un peu caricatural revient quand même très souvent.
La conséquence première de ce système, c’est que les collecteurs ne sont pas expérimentés : ils ne sont pas bons nageurs et bons marins, et bien sûr ils sont assez mauvais pêcheurs. Ils ne sont intéressés que par les profits à court terme et cela au détriment de l’environnement. Ils utilisent donc le cyanure et ne savent pas comment manipuler un poisson…
Il est inutile de préciser que l’avenir de ce système est en péril. Mais le seul moyen de substitution est que les populations locales soient responsables de leurs récifs, et les exploitent en connaissance de cause, et avec respect.
C’est là les objectifs premiers de MAC en Indonésie.
A Bali, de par l’organisation religieuse Hindou, il existe un comité de village (Banjar) responsable de l’organisation des rites religieux mais également chargé de trouver une solution à tous les petits problèmes qui touchent le village. Les Balinais sont plus organisés que les populations des autres îles Indonésiennes et sont surtout plus habitués à discuter ensemble des différents problèmes.
Depuis quelques années avec l’aide des anciens, une conscience est apparue, et un réel besoin de changement et de protection de leurs ressources a émergé. Avec l’aide d’ONG comme le WWF (World Wild Fund for Nature) et d’autres ONG locales, ils se sont organisés en groupes de pêcheurs, ont appris à utiliser des méthodes de pêche non destructives et se sont aperçus qu’il y avait une solution à leurs problèmes.
Ils se sont aussi rendus compte par eux même que le cyanure n’était que la partie émergée de l’iceberg et qu’il y a beaucoup d’autres problèmes à résoudre pour arriver à une qualité optimale des poissons vendus. Tout ce qui tourne autour de la manipulation des poissons (et par conséquent au stress) est un axe de progrès fort, sachant que les plus grosses mortalités sont causées par des erreurs de manipulation sur le trajet et pas autant qu’on le pensait par les méthodes de pêches.
Photo, Vincent CHALIAS (www.amblard.fr)
Finalement ce sont ces pêcheurs qui ont fait le premier pas vers le MAC et ont accueilli le projet avec beaucoup d’enthousiasme, ce sont eux qui font les démarches pour être certifiés. Cet engouement est vraiment encourageant pour l’avenir, car je pensais comme tout le monde dans ce métier, que leur réponse serait « on a fait ce métier pendant plus de 20 ans, personne ne va nous apprendre comment le faire».
Ayant déjà suivi des formations pour l’utilisation de méthodes de pêche non destructives, la suite de leur formation concernait le « Handling » où tous les moyens possibles pour réduire le stress chez ces animaux sont mis en oeuvre. Le MAC s’occupe désormais de tout le reste des formations.
Le Premier Training MAC de formation aux techniques de manipulation des poissons marins :
C’est ainsi que le 27 Février 2004, Mme Gayatri Lyllei, Mr Ron Lyllei et moi-même avons organisé ce premier training.
23 Pêcheurs des villages de Les et Tembok au nord est de Bali ont suivi cette formation. La matinée était consacrée à la théorie et l’après midi à la pratique.
Photo, Vincent CHALIAS (www.amblard.fr)
Le but principal était de faire comprendre aux pêcheurs ces différents points :
- Le chemin est long pour les poissons péchés entre le lieu de pêche et l’aquarium du particulier
- Qu’est ce que le stress ? Quels sont les principaux facteurs de stress et comment les éviter ?
- Ce sont de petits détails qui vont faire de grosses différences
À l’aide de nombreux dessins et diagrammes, nous avons abordé les points suivants :
- Les causes de mortalité
- Les erreurs de manipulation les plus courantes
- Le tri des poissons, apprendre quels poissons doivent être libérés et pourquoi ?
- Les bases de la manipulation et de la maintenance de poissons et invertébrés marins
- Les bases de l’emballage et du transport des poissons et invertébrés marins
Après un repas traditionnel, nous avons donné des exemples pratiques avec des poissons fraîchement pêchés. Des représentants du gouvernement et du ministère de la pêche indonésienne étaient présents, ainsi que les principaux chefs de village de ce secteur.
Ce premier rendez-vous était un test, car ce training devrait être proposé dans les coins les plus reculés d’Indonésie. L’accueil par les pêcheurs était très encourageant, ils semblaient très satisfaits de traiter avec des gens qui ont l’expérience de leurs problèmes, et qui proposent des solutions simples pour les résoudre.
Le but de ces trainings est aussi de sélectionner des formateurs, pouvant former d’autres pêcheurs. D’ici quelques mois, après avoir constaté l’effet de ces formations sur le terrain, ils recevront un training complémentaire et seront testés et notés. Les meilleurs d’entre eux seront gardés pour aller former d’autres pêcheurs.
Le chemin est encore long jusqu'à la certification, mais on peut d’ores et déjà dire que les pêcheurs Balinais ont posé des bases solides pour son achèvement.
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Article publié le 15/03/2004 par Vincent Chalias (www.amblard.fr)
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