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Quels types d'algues ?
a) Les algues "désirables"
Photo, Julien THEODULE
Les algues désirables les plus courantes dans l'aquarium récifal sont les algues " corallines " qui font partie des Rhodophytes qui incluent tous les types d'algues rouges, dont une grande partie dépose du carbonate de calcium (algues calcaires). En raison de leur intolérance vis-à-vis d'une trop grande concentration en phosphate, l'apparition des corallines dans l'aquarium traduit des qualités d'eau propices aux coraux. Elles peuvent ensuite régresser sans que cela soit nécessairement lié à une dégradation du milieu. Les raisons sont souvent multiples, liées à l'introduction ou à l'apparition de prédateurs de ces algues (astéries, oursins, crabes, bernards l'ermite), ou à un éclairage trop puissant. Les corallines ont un double intérêt, esthétique et pratique car en occupant la surface des pièrres vivantes, elles empêchent l'implantation d'algues vertes filamenteuses.
Les caulerpes sont parmi les algues vertes (Chlorophytes) les plus répandues et parmi les premières à avoir été maintenues en milieu captif. Il en existe de nombreuses espèces qui se caractérisent toutes par des racines et un mode de croissance commun par extension de la branche terminale puis attachement au substrat.
Photos, Julien THEODULE
Il est important de noter que la culture des caulerpes n'est pas évidente et sans risque, comme nous le verrons dans le prochain paragraphe. Parmi les Chlorophytes, on trouve également les algues du genre Halimeda qui construisent un squelette calcaire.
Photos, Julien THEODULE
On retrouve des fragments de squelettes d'Halimeda dans la plupart des sables coralliens. Ces algues sont le plus souvent rencontrées dans les zones plus protégées du récif et sont très robustes en aquarium. Notons toutefois des risques de blanchiment liées à une reproduction par exemple, qui se traduit par un relargage de nutriments stockés, ce qui est toujours néfaste pour l'équilibre de l'aquarium.
b) Les algues " indésirables "
Les algues indésirables le sont souvent en raison de leur aspect pas toujours esthétique mais aussi et surtout en raison de leur vitesse de prolifération et de la menace qu'elles constituent pour les autres animaux de notre écosystème en particulier les coraux.
Photo, Julien THEODULE
Les cyanobactéries (Cyanophytes) sont parmi les plus anciennes formes de vie et se rencontrent dans toutes les mers du globe et en eau douce. Elles sont à l'origine de l'accumulation de l'oxygène dans l'atmosphère. Bien qu'appelées bactéries bleues, les cyanobactéries qui nous intéressent en récifal sont le souvent de couleur rouge à bordeaux. Elles forment un tapis d'une texture proche de la gelée et sont très envahissantes. Elles recouvrent tout substrat disponible et peuvent ainsi progresser sur le sable, les pierres et les coraux, les étouffant et les tuant. Elles doivent ce caractère envahissant à des propriétés uniques. A la différence des autres algues, ce sont des bactéries : elles n'ont pas de noyau. Elles se divisent donc plus vite que les cellules à noyau lorsque les conditions leur sont favorables. Le second avantage et qui s'avère décisif est leur capacité unique à fixer l'azote atmosphérique. Elles peuvent donc se passer des nitrates. Dans des conditions particulières où les nitrates sont absents et les phosphates présents (dissous ou sous forme solide précipitée), elles prennent alors le pas sur les autres algues, et prolifèrent de façon anarchique. De par leurs lointaines origines, les cyanobactéries sont également favorisées par des potentiels redox et des pH faibles. Un brassage insuffisant ou inadapté peut favoriser leur apparition et inversement, une augmentation de ce brassage peut favoriser leur disparition.
Parmi les Chlorophytes, on peut identifier deux " types " d'algues indésirables : les " algues bulles " souvent des Valonia ou Ventricaria, et les algues filamenteuses de type Bryopsis ou Derbesia notamment. Les algues bulles forment souvent des grappes d'algues de formes sphériques qui se fixent sur le substrat aux endroits protégés, comme les interstices des pierres ou au sein des squelettes de coraux. La lutte contre leur prolifération est assez complexe puisque leur présence n'est pas nécessairement un signe d'une dégradation de la qualité de l'eau. Une compétition avec d'autres algues supérieures peut s'envisager afin de limiter leur croissance. Le retrait manuel doit se faire avec la plus grande délicatesse car l'éclatement des bulles libère dans le milieu des spores ce qui entraîne un développement de ces algues en d'autres endroits de l'aquarium. Il existe quelques prédateurs de ces algues, en particulier les crabes Mitrax sp. et parfois quelques spécimens de Siganus sp. un poisson herbivore qui se nourrit également de nombreux types de caulerpes et d'algues filamenteuses.
Photo, Herve ROUSSEAU
Les algues filamenteuses sont couramment rencontrées pendant la période de maturation et leur disparition est souvent un signe du début d'équilibre de l'aquarium. Le plus souvent l'introduction des herbivores (escargots, bernards l'ermite et poissons chirurgiens et centropyges) coïncide avec cette disparition. Cependant, certaines espèces d'algues filamenteuses comme Bryopsis et Derbesia sont beaucoup plus dérangeantes en raison de leur croissance forte, y compris dans des conditions qui sont normalement défavorables aux algues d'autres types. Par ailleurs, elles ne sont pas ou peu consommées par les herbivores en raison de leur toxicité. La lutte contre ces dernières suit le même protocole que celui envisagé pour les autres espèces : analyse du déséquilibre et plan de lutte, comme nous allons le voir par la suite.
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