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Les animaux dans leur environnement
a) Distribution corallienne :
Plusieurs facteurs influencent la distribution des coraux constructeurs de récifs:
Photo, Julien THEODULE
- la lumière :
Le besoin des zooxanthelles donc des coraux hermatypiques, en énergie lumineuse n'est plus à prouver. La distribution des récifs coralliens est donc limitée aux régions du globe qui recoivent une illumination importante, et dont les eaux ne sont pas ni trop profondes et ni trop turbides (nous verrons par la suite que certains coraux vivent néanmoins très bien en eau turbide).
- la température :
On constate sur une carte de distribution des récifs que les zones coralliennes sont comprises dans une bande correspondant à 20° de latitude de part et d'autre de l'équateur, là où la température oscille plutôt entre 23 et 25°C en moyenne (et où la température descend rarement sous les 18°C). Ce facteur explique l'absence de récifs coralliens dans certaines zones comme la côte ouest de l'Amérique du Sud ou la côte est de l'Australie, le long desquelles remontent des courants froids du sud vers le nord.
- la salinité :
La plupart des récifs coralliens se rencontre dans des zones où la salinité est comprise entre 32 et 35 ppm et ce facteur est limitant pour certains coraux qui ne tolèrent pas des salinités trop hautes ou trop basses. Cette limitation peut être observée par exemple dans les deltas de l'Amazone ou du Mississipi où les conditions d'éclairement et de température pourraient convenir mais où la densité chute trop en raison des apports importants d'eau douce.
- la sédimentation :
Cette dernière peut perturber les coraux de plusieurs manières, en les recouvrant ou en limitant la pénétration de la lumière notamment. C'est pour cette raison que les coraux sont rarement rencontrés dans les zones de forte sédimentation (embouchure des rivières par exemple).
- la compétition avec d'autres invertébrés sessiles
Dans les eaux chargées en nutriments dissous, les coraux doivent lutter contre la croissance des algues et/ou des éponges, limitant ainsi leur distribution.
b) Formes de croissance des coraux
Les formes de croissance des coraux sont déterminées par trois facteurs essentiels : l'éclairement, le brassage et la génétique. Nous allons donc voir les différentes formes coralliennes et les milieux auxquels, on les associe le plus souvent :
- massives :
Les colonies dites massives sont souvent rencontrées dans les zones de très forts courants. Les coraux qui adoptent cette forme ont tendance à pousser de la même manière dans toutes les directions.
Photo, Hervé ROUSSEAU
- branchues :
Dans les zones plutôt calmes, de faible profondeur, les colonies tendent à être branchues, optimisant ainsi la surface disponible pour l'éclairement. Certains coraux branchus sont plus adaptés aux hautes énergies comme Pocillopora eydouxi par exemple.
Photo, Julien THEODULE
- colonnaires :
Dans les eaux calmes ou profondes (dans des zones peu brassées), les colonies ont tendance à adopter une pousse leur permettant d'optimiser leur surface par rapport à l'éclairement disponible. En effet, dans les zones d'une profondeur inférieure à 30/40m, la réfraction fait que même les polypes verticaux sont éclairés.
- encroûtantes :
Dans les zones dites " à très haute énergie ", cette forme est prédominante, le corail s'étendant en mince couche sur le substrat, parfois sur d'autres structures coralliennes.
- laminaires :
Dans les zones profondes des tombants récifaux, on rencontre très couramment des coraux ayant une forme " en plateau " qui leur permet encore une fois d'optimiser leur surface d'exposition. Ces formes sont d'ailleurs rencontrées dans les zones où les courants sont relativement faibles.
- libres :
On parle de forme de croissance " libre " lorsque le corail n'est pas attaché au substrat. En général, cela leur permet d'éviter la concurrence avec d'autres coraux qui ne peuvent pas coloniser certains substrats (sable par exemple). Leur forme leur permet souvent de s'adapter aux conditions environnementales. L'exemple le plus couramment donné est celui des Fungia sp. dont la forme procure deux atouts vitaux : s'ils sont retournés, leur forme convexe leur permet d'être remis dans le bon sens à la vague suivante. De plus, les septes pourraient servir à ralentir le flux d'eau et à l'orienter vers la bouche du polype, l'aidant ainsi dans sa quête pour la nourriture.
c) Ecomorphologie
De nombreuses familles de coraux peuvent être rencontrés dans la plupart des zones du récif, sous diverses conditions. Mais il est également courant qu'une espèce de corail se rencontre dans plusieurs zones du récif, sous différentes formes de croissance. On parle alors d'ubiquisme ou d'opportunisme. Ainsi, une même espèce pourra adopter une forme encroûtante dans les zones à haute énergie, branchue dans les zones à courants plus faibles et laminaire dans les zones plus profondes. Cet ubiquisme s'observe pour plusieurs espèces des genres Acropora, Pocillopora notamment. On peut notamment citer l'espèce A. palifera qui forme des plateaux verticaux parallèles lorsqu'elle se trouve sur le haut des tombants récifaux. Lorsqu'elle est dans des zones plus calmes, elle prend plutôt une forme branchue. Dans les parties supérieures du récif (platier par exemple), elle a tendance à adopter une forme encroûtante.
voir ci-contre l'illustration de la distribution des écomorphes basiques de certains coraux ubiquistes sur les récifs des îles Salomon (Morton 1974)
d) Symbiose
On regroupe souvent sous le terme de symbiose toute association entre deux êtres vivants d'espèces différentes, la définition exacte ajoutant " qui est profitable à chacun d'eux ". Il existe sur le récif plusieurs types de " symbioses " (ou ce qu'on regroupe sous ce terme) :
- le mutualisme : c'est ce qu'on appelle également " vraie symbiose " car les deux individus tirent bénéfice de l'association
- le commensalisme : association souvent observée lorsqu'il s'agit d'un partage de nourriture ou lorsque l'un des individus profite de l'autre sans le déranger
- le parasitisme : l'association profite à un individu au détriment de l'autre
D'autres types de symbioses ont été décrites lorsque l'association a pour but la protection ou le transport…mais nous ne nous attarderons pas plus sur ce point de sémantique.
Il existe de nombreux exemples de symbioses sur le récif qui sont toutes fascinantes à observer, y compris en milieu captif. En voici quelques exemples :
- L'association clown-anémone :
On parlera bien ici de mutualisme puisque le poisson gagne une protection et un " nid " sécurisé lors de la reproduction alors que l'anémone gagne des restes des repas, un nettoyage par les mouvements des clowns dans ses tentacules et parfois une protection.
Photo, Hervé ROUSSEAU
- L'association gobie-crevette Alpheus :
Là encore, il s'agit de mutualisme puisque l'Alpheus possède une très mauvaise vue et bénéficie de la vue du gobie (si elle perd le contact avec ce dernier, elle rentre dans son trou) tandis que le gobie bénéficie du refuge entretenu par l'Alpheus.
Photo, Sébastien LECOMTE
- L'association crabe-anémone :
On parle ici de commensalisme puisque d'après les études menées, l'anémone ne tirerait aucun profit de cette association par contre sa protection serait vitale pour le crabe. On ne peut pas parler de parasitisme puisque le crabe ne semble pas nuire à l'anémone.
Photo, David EXCOFFIER
- L'association crabe-corail :
Cette association, souvent qualifiée de commensalisme (on parle très souvent de crabe commensaux) entre, par exemple, les crabes du type Trapezia sp. et les coraux du genre Acropora ou Pocillopora pourrait en fait être du mutualisme. En effet, certaines études tendraient à montrer que le corail bénéficierait également de la présence des crabes en terme de nourrissage, de nettoyage du mucus excrété et d'une protection vis-à-vis d'éventuels prédateurs.
Photos, David EXCOFFIER
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