Techniques de bouturage des coraux mous
Date: 07 janvier 2004 à 00:00:00 CET Sujet: Animaux
Comme tous les animaux, les coraux se reproduisent de façon naturelle, nous pouvons ainsi laisser faire la nature... ou, et c'est ce qui nous intéresse ici, lui donner un coup de pouce en les bouturant.
Les coraux peuvent se reproduire soit de façon sexuée soit de façon asexuée. La reproduction sexuée peut difficilement être provoquée dans un aquarium, car elle dépend de nombreux paramètres (localisation, phase de la lune, température,... ). Dans certains cas, il s'agit d'une reproduction de type ovovivipare (fécondation interne au corail, et développement d'une larve qui produira un bourgeonnement) ou d'une ponte consistant en l'émission massive et simultanée de spermatozoïdes et d'ovules. Par ailleurs, elle n'est pas forcément souhaitable, certains aquariophiles ont en effet fait les frais d'une émission de gamètes qui a provoqué la mort de l'ensemble de la population de leur bac...
La reproduction asexuée comporte quand à elle plusieurs stratégies : Bourgeonnement de polype-fils, scissiparité et fragmentation. C'est sur ce dernier mode de reproduction que repose le bouturage pour lequel nous allons exposer ici quelques techniques.
La méthode va consister à prélever un morceau du corail à reproduire, à l'accrocher à une pierre sur laquelle il va se fixer, et va pouvoir développer une nouvelle colonie.
Le prélèvement
Il faudra trancher un morceau, de quelques centimètres d'un corail mou. Par exemple : d'un Sarcophyton, d'un Sinularia, d'un Cladellia, ... etc. Lors du prélèvement le pied mère va être blessé, il est donc préférable d'utiliser un corail en bonne santé (sauf bien évidement dans le cas ou nous bouturons un corail pour en sauver une partie). Après le prélèvement, ce dernier va se rétracter, cela peut durer quelques minutes comme quelques jours selon le corail. La découpe peut se faire avec un outil tranchant. Ciseaux, scalpel, cutter ... etc
Photos, Sébastien LECOMTE
Sarcophyton : avant et après la découpe...
Photos, Sébastien LECOMTE
Le support
Une fois découpé, il faudra accrocher le prélèvement à un support que l'on aura préalablement choisi. Il peut arriver que certains coraux rejettent certains types de supports ou mettent plus de temps à s'y fixer. Afin d'éviter ce risque, il est conseillé de prendre une pierre vivante. Si vous n'avez pas de petits morceaux, vous pouvez tout à fait prendre une pierre et la casser en morceaux :
Photos, Sébastien LECOMTE
Ou bien, tout simplement acheter directement des morceaux qui se trouvent dans le fond du bac, où sont entreposées les pierres vivantes en ventes.
Techniques de Fixation
Il va ensuite se poser la question de la méthode a utiliser pour fixer la bouture. Nous exposons ici 3 méthodes de fixation: élastique, colle et fil. Certains types de coraux vont se rompre si l'élastique est trop serré... se détacher s'il ne l'est pas assez... Pour d'autres, la colle ne tiendra pas, etc.... Il conviendra donc de trouver la méthode adéquate pour chaque type de corail.
1/ Elastique
Toute l'efficacité de la méthode va résider dans le serrage de celui-ci. Afin d'avoir un meilleur contrôle sur son serrage, il est possible de le couper, et de faire un noeud en contrôlant la tension de serrage. Trop serré, l'élastique va couper le corail. Il faut donc serrer au minimum de manière à ce qu'il reste en place.
Cette technique s'est révélée efficace sur des boutures de Sarcophyton et Zoanthus. Elle fut en revanche un échec sur un Sinularia qui soit se découpait, soit se détachait. Du fil (coton ou nylon) ou un ruban de téflon pourront être utilisés plutôt qu'un élastique.
Photo, Sébastien LECOMTE
Bouture de Sarcophyton, fixée à l'aide d'un élastique.
Photo, Sébastien LECOMTE
Bouture de Pachyclavularia, fixée à l'aide d'un fil de nylon (non visible sur l'image).
Photo, Sébastien LECOMTE
Bouture de Sinularia... qui hélas ne tiendra pas (tranchée par l'élastique).
2/ Colle
La glue (cyanoacrylate) en gel est plus pratique que la glue liquide, qui est absorbée beaucoup plus rapidement (support poreux). Il suffit d'assécher (avec de l'essuie tout par exemple) le corail et son support. Puis d'appliquer la colle, de laisser sécher quelques minutes, et remettre à l'eau. Cette technique s'est révélée efficace (et bien plus pratique que la précédente) sur des boutures de Sarcophyton. Elle fut en revanche un échec sur un Sinularia et un Pachyclavularia sur lesquels la colle n'a pas tenu.
Photo, Sébastien LECOMTE
Sarcophyton collé avec de la glue.
3/ Fil et aiguille
Le principe consiste à transpercer le corail avec une aiguille et du fil. Puis, faire quelques tours autour du support pour fixer la bouture. Du fil de nylon pour pêche (pas trop épais) ou du coton, font parfaitement l'affaire. Cette technique est sûrement la plus efficace de toute. Elle a permis entre autre de bouturer le Sinularia qui n'avait jamais tenu avec les 2 méthodes précédentes.
Et ensuite ?
Il faudra si possible placer cette bouture dans un endroit suffisamment brassé (car rejet possible de toxines et mucus) et si possible protégé (le mucus rejeté et l'utilisation d'un morceau de pierre vivante « neuve », peuvent attirer herbivores et détritivores qui risquent de déloger la bouture de son support).
Il ne reste plus qu'à attendre que la bouture se fixe sur la pierre. A partir de là, il faudra enlever l'élastique / fil / téflon qui nous avait permis de l'accrocher. La bouture peut mettre un certain temps à s'accrocher et se développer... de quelques jours (pour des Xenias... ) à plus d'un mois (pachyclavularia, Sinularia... ).
Conclusion
Le bouturage des coraux mous est relativement simple. Une mauvaise maîtrise ou un mauvais choix de la méthode peut provoquer des échecs lors des premiers essais, mais après quelques tentatives cela devient simple et systématiquement réussi.
Il est important d'encourager cette pratique qui permet aux aquariophiles d'acheter/vendre (à très bas prix... ) ou d'échanger des coraux tout en préservant le milieu naturel
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Article publié le 26/11/2003 par Sébastien Lecomte ; Cet article a ete initialement publié sur le site de l'ARA
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