Pterapogon kauderni et anémones...
Date: 07 janvier 2004 à 00:00:00 CET Sujet: Animaux
En visitant l'aquarium de Düsseldorf, j'ai été fasciné par leur grand bac d'invertébrés de 20000 l. Parmi toutes les splendeurs que j'y ai vues, j'ai été particulièrement surpris par un banc de jeunes Pterapogon kauderni ayant trouvé refuge au milieu des plis d'une énorme anémone (Stichodactyla mertensii verte).
Or, je n'avais jamais entendu dire que les kauderni pouvaient se réfugier ailleurs que dans des épines d'oursin, en général celles des oursins diadèmes.
En installant le 600 litres d'invertébrés du club, les premiers occupants en tant que poissons furent un Zebrazoma flavescens et un couple de Pterapogon kauderni déjà adultes et se reproduisant régulièrement. Peu de temps après j'ai acheté une anémone assez jeune dans le but d'y mettre un couple de poissons clowns plus tard, quand elle aurait trouvé sa place. J'ai remarqué alors que le couple de kauderni se réfugiait aux abords de cette Heteractis crispa. J'ai eu un peu peur pour eux mais visiblement ils avaient l'air de savoir ce qu'ils faisaient …soit !
Photo, Christian SEITZ
Sur cette photo prise en octobre 2000 vous pouvez voir le couple à proximité de l'anémone. Au moindre signe suspect, ils se rapprochaient immédiatement des tentacules.
Les kauderni se sont reproduits et nous avons récupéré quelques petits ayant échappés à la voracité de la mère. Un oursin Diadema setosum avait été acclimaté dans le bac et nous avons donc souvent vu les petits cachés à l'abri des épines dès leur libération de la bouche paternelle. Le lendemain en général la majorité de la portée a disparu mais nous récupérons les quelques survivants dans la décantation, les alevins se laissant dériver la nuit dans le courant et tombant dans les surverses (plus de 55 cm de descente à pic avec réception dans 1 cm d'eau, juste avant d'être aspirés par le vortex des tubes de descentes en 32, pour enfin finir dans le compartiment de 40l de l'écumeur !). Nous les installons ensuite dans des pondoirs à guppies dans le bac principal et nous les nourrissons aux nauplies d'artémias. Quand ils ont environ 2 mois, nous les transvasons dans un bac plus grand (100l) et commençons à les nourrir aux artémias vivantes. En moins d'une semaine ils acceptent les artémias congelées. Malgré tout nous n'avons que peu de survivants. Nous avons donné une paire d'une première naissance qui sont morts chez leur nouveau propriétaire. Cela dit, je pense que celui s'est laissé abusé par leur technique qui consiste à faire le mort en cas de stress.
Mais ce n'est pas de cela dont je veux parler mais d'un fait qui m'a vraiment surpris avec les kauderni et les anémones.
Nous avons reçu une anémone Condylactis gigantea en provenance de la Guadeloupe et l'avons mise dans le bac du club où elle s'est trouvée une place rapidement. Le mâle kauderni incubait tranquillement depuis presque un mois et un soir nous voyons les 4 premiers échappés dans les épines du Diadema. Le lendemain, un dimanche, je passe au club et que vois-je ?!?! une dizaine de kauderni dans l'anémone des Antilles. Demi-tour et j'ai foncé à la maison prendre mon appareil photo pour essayer d'immortaliser ces instants. Alors bien sur j'ai pris plein de photos, pratiquement toutes ratées et voici les meilleures !
Photo, Christian SEITZ
Quand j'ai eu bien mitraillé et que je me suis rendu compte que les photos étaient toutes floues et que je ne pouvais rien faire pour améliorer leur qualité j'ai posé mon appareil et j'ai enfin jeté un œil sur le reste du bac.
Nouvelle surprise, 10 autres kauderni, leurs frères, étaient dans l'oursin !
Photo, Christian SEITZ
D'accord, cette photo est vraiment nulle ! C'était la première fois que je voyais une portée pratiquement au complet, 10 petits dans l'oursin et 10 dans l'anémone plus les 4 de la veille que nous avions récupérés (moins 1 mort pendant la pêche). Malheureusement le lendemain il ne restait que 8 survivants dans la décantation.
Je voulais profiter des articles de l'ami Léon ( LeBACaLeon.com) sur le sujet pour rajouter cette observation personnelle sur les Pterapogon kauderni dont je suis assez fier car je pense être un des rares à avoir fait ces observations, où du moins à en avoir parlé.
Peut-être qu'en milieu naturel les kauderni se réfugient normalement dans les anémones, toutefois je ne les ai pas vu se frotter à elles, comme les poissons clowns, mais nager entre leurs tentacules. Je pense que leur petite taille et leur vivacité leur permet d'éviter le contact et d'être brûlés par leur venin. Sur 5 naissances nous n'avons pu sauver que peu d'alevins pour cause de prédation, principalement de la mère puis du père quelques heures après. 2 portées ont totalement disparues et sur les trois autres, nous avons eu successivement 2, puis 3 et enfin 8 survivants. Les 2 premiers ont été donnés (plus exactement échangé contre d'autres animaux), un seul des 3 suivants à survécu. Ses frères sont morts peu de temps après un nettoyage de leur "cage". Sur les 8 derniers-nés, 4 étaient encore en vie dans la cage à guppies et nous avons compris quel drame s'était passé : une Aïptasia avait trouvé le moyen de se développer dans leur refuge. Elle a grandi très vite, sans doute parce qu'elle profitait du copieux nourrissage journalier en nauplies et nous pensons qu'elle a mangé les autres alevins.
Vers la mi-décembre 2001 nous avons pu monter un petit bac de 80 litres supplémentaire au club et avons transférer ces 4 alevins restant plus le dernier de la portée précédente. La différence de taille n'était pas énorme, conséquence à mon avis d'un nourrissage non adapté aux alevins grandissant. C'est un club avec 15 aquariums, ce qui veut dire beaucoup de travail tous les jours et donc également, pas assez de temps pour gérer tous les problèmes et se consacrer à l'observation. C'est donc seulement depuis 2 semaines que nous avons pu sevrer les alevins des nauplies pour les passer à une nourriture plus adéquate et permettant leur développement. Sur les 5 alevins transférés, un a disparu le lendemain. Les 4 autres vont bien et se sont séparés en 2 groupes de 2 qui nagent ensemble. Ils se jettent sur la nourriture et j'ai bon espoir en leur avenir.
2 ANS plus tard ...
Je relis ce texte en janvier 2004, soit 2 ans plus tard, pour dire que sur les 4 poissons survivants, il n'en reste que deux aujourd'hui. En grandissant, ils se sont harcelés mutuellement dans le 80 litres jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que 2 survivants, un de chaque portée, nés à quatre ou cinq semaines d'intervalle. Les parent sont morts. Ils n'ont plus fait de portée après la dernière mentionnée et le mâle est décédé, harcelée en permanence par la femelle. Visiblement il refusait un nouvel accouplement. Il faut dire qu'il semblait passablement épuisé après avoir porté non stop trois portées de suite, sans pouvoir s'alimenter plus d'une seule ou deux journées par mois. Je serais tenté de dire qu'il est mort d'épuisement, en plus du stress exercée par la femelle. Il faut comprendre aussi que celle-ci avait le ventre dilatée par les œufs qu'elle portait. Pas facile à vivre à mon humble avis. Elle est morte quelques mois après le mâle.
Photo, Christian SEITZ
….. C'est vrai que j'ai l'air de me reprocher leur mort mais c'est comme ça; chaque fois que mes animaux meurent, j'ai un immense sentiment de culpabilité. Après, il faut que je me trouve des excuses pour me dire que ce n'est peut-être pas QUE de ma faute ! J'avais eu ces poissons-cardinaux en "cadeau" en rachetant un bac dont son propriétaire voulait se séparer en juillet 2000. Ils étaient déjà adultes, depuis longtemps, et se reproduisaient depuis plusieurs années déjà. Alors, peut-être sont-ils tout simplement morts de vieillesse. On peut supposer, si je me réfère aux survivants qui ne se sont toujours pas accouplés bien qu'ils aient 2 ans, que ces poissons avaient sans doute cinq ans déjà quand je les ai eu et comme ils sont morts deux à trois ans plus tard, ils auraient eu dans les huit ans quand ils sont morts …. C'est sans doute pas mal pour un poisson d'une taille relativement petite.
Bref, les deux rejetons ont finis dans le 600 litres ; ils y vivent éloignés l'un de l'autre et n'ont pas encore déterminés leur sexe. Des fois, ils tentent un rapprochement, mais encore sans succès de reproduction pour l'instant. J'espère pouvoir recorriger ce texte un peu plus tard et vous annoncer de nouveau un heureux événement kauderniesque !
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Article publié le 21/11/2003 par Christian Seitz, initialement publié en 2001 sur le bac à léon
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