Les planaires ... Une expérience vécue
Date: 20 novembre 2003 à 11:27:53 CET
Sujet: Animaux


Maintenance

J'observe de plus près : qu'est-ce que c'est que ce truc ? C'est rouge-orangé, légèrement transparent, ça ressemble à un petit carré de feuille plastique découpé au ciseau d'un un millimètre sur deux. Et il y en avait des dizaines !!! Et ça bougeait !





I. La découverte

Devant mon bac, j'observais ce sable qu'on m'avait vendu pour une blancheur qui amènerait un effet visuel du plus bel effet dans mon bocal. Et toujours devant mon bac, c'est avec patience que j'attendais la fin de cette "peste rouge", ces fameuses cyanobactéries qui formaient de très larges plaques couvrant le sol. Et c'est alors que je me suis rendu compte que ces plaques était agitées de mouvements qui n'étaient pas dus au courant !


planaire
Photo, Julien THEODULE


Depuis combien de temps était-ce là ? Aucune idée... Mais à vue de nez, je dirais une semaine. C'est à cette date que j'ai rapporté un corail acheté à une connaissance. Serait-ce le vecteur d'introduction ? Une semaine plus tard, c'est carrément l'invasion ! J'ai parfois même du mal à voir du sable blanc (surface de 80 x 160 cm) et les pierres vivantes en sont évidemment couvertes.

Renseignements pris, ces planaires brun rouille (Convolutriloba retrogemma) sont inoffensifs "directement" (ce n'est pas le cas de tous les planaires !); ils ne se nourrissent pas de coraux, mais peuvent, par leur occupation du terrain, concurrencer les coraux et, en les recouvrant, les asphyxier ou les priver de lumière.

Bon, ça s'annonce mal. Un individu coupé en petits morceaux donnera autant d'individus. Je lis sur aqu@mer que des gens tentent de régler ça aux antibiotiques, etc. Oui mais moi, j'ai beaucoup de coraux durs et mous. Beurk ! J'aimerais éviter les médicaments. Mais le pronostic est, de toute façon, toujours assez pessimiste, quelle que soit la méthode employée.


II. La riposte

1. La riposte passive

Alors plusieurs phases de contre-attaque se mettent en place. D'abord, siphonnage manuel. Ça ne fait pas de mal. Je cloche mon sable, "comme d'hab?", dirais-je. Et en même temps, ça aspire un max de planaires.

Dans " L'aquarium récifal, Vol.1 ", je trouve que les planaires sont friands des nutriments qui jonchent le sol, et surtout des algues vertes qui passent leur temps à recouvrir nos vitres. Je diminue donc l'éclairage qui frappe les vitres (je mets des caches pour que la lumière ne frappe pas directement les vitres) et effectivement, je réduis les algues des vitres, et les planaires ne s'y collent plus. Ils vont donc sur le sable et les pierres, ce qui facilite leur siphonnage.

Alors ruse ! Une lampe à incandescence placée contre une vitre de l'aquarium semble avoir l'étrange propriété d'attirer les bêtes en masse. Il est clair que ces parasites sont attirés par la lumière. Il ne reste plus qu'à racler la vitre où ils se sont agglutinés.

Mais ça ne suffit pas. De plus, sur les pierres, on les voit mal. Elles sont de la même couleur. Pas facile. En plus, j'ai beau siphonner, la population n'a pas l'air de baisser. Il est temps de passer la vitesse supérieure !

2. La riposte active

J'ai observé qu'une certaine partie (négligeable) présente sur la caulerpe a été ingérée par mon Zebrasoma flavescens, en mangeant la dite caulerpe : accident de parcours ? Après tout, comme je n'ai pas du tout envie de mettre des produits chimiques dans mon bac, il doit bien exister des prédateurs des planaires. Alors je décide d'aller voir mon détaillant habituel. Pour lui, il existe trois mangeurs de planaires potentiels. Mais tout dépend de l'individu : certains bouderont les planaires, d'autres s'y attaqueront en apéritif, d'autres en feront un festin.

- D'abord, Pseudocheilinus hexataenia

Pseudocheilinus hexataenia Pseudocheilinus hexataenia
Photos, Hervé ROUSSEAU et Julien THEODULE

Ce poisson de petite taille, est par ailleurs très joli à mon goût, et plusieurs individus peuvent être mis ensemble dans le même bac. Je décide donc d'en mettre 3 dans mon bocal, afin de multiplier les chances de tomber sur un individu mangeur de planaires.

- Ensuite Halichoeres marginatus

Halichoeres marginatus
Photo, Julien THEODULE

Ce labre est une grosse pièce pour mon aquarium. Je n'en prends qu'un pour cette raison. Ses couleurs vertes brillantes me ravissent.

- Enfin, Macropharyngogon ornatus

Macropharyngogon Macropharyngogon
Photos, Julien THEODULE, Hervé ROUSSEAU

Il complète parfaitement le trio, tant par sa robe somptueuse que par son comportement atypique. En effet, si Pseudocheilinus préfère zigzaguer entre les roches et s'abriter entre les branches des coraux et Halichoeres préfere nager en pleine eau et est devenu, avec mon Z. flavescens et mon C. strigosus, la star du bac (!), Macropharyngogon a des moeurs un peu spéciales : il passe les 5 premiers jours enterré dans le sable, sans sortir. On le croit mort, et tout à coup, on le voit réapparaître. Il s'enterre toutes les nuits pour dormir, et ressort la journée pour vivre en pleine eau ou entre les roches.

Je décide, de part ma lecture dans " L'aquarium récifal, Vol. 1 " (je crois), de rajouter aussi un mandarin, peut-être même plus pour l'agrément de mon bac, d'ailleurs, que pour sa capacité à manger des planaires ? Mais il y est dit que parfois, il y goutte.

Mandarin
Photo, Hervé ROUSSEAU

Je règle ainsi le problème du mandarin qui, une fois toutes les ressources alimentaires du bac épuisé, dépérit.

III. Le contrôle

Et force est de constater que c'est un succès. Les planaires sont aujourd'hui en forte régression, et je n'observe plus que quelques dizaines d'individus . Il faut aussi dire qu'ils sont passés dans mon refuge (normal, je ne suis en fait qu'à moitié étonné) et que donc, le refuge alimente le bac principal en planaires et autres nourritures, ce qui est son but, après tout.

Je sais que leur disparition est peut-être due à d'autres facteurs (perte de leur source d'alimentation, changement de la qualité de lumière, etc) mais de toutes façons, mes nouveaux pensionnaires valent le coup, que ce soit pour leur occupation de l'espace ou pour leurs couleurs chatoyantes, et pas seulement pour leur régime alimentaire...



Rechercher les contributions sur ce sujet dans le forum

Poser une question ou partager une expérience sur le forum

Article publié le 26/11/2003 par Julien Théodule ; Article publié initialement sur le site de l'ARA le 07/02/2002





Cet article provient de .: recifs.org :.
http://www.recifs.org

L'URL de cet article est:
http://www.recifs.org/modules.name=News&file=article&sid=25