Le test strontium SEACHEM
Date: 03 juin 2004 à 10:00:00 CEST
Sujet: Pratique



strontium J’ai testé pour vous… un test. Si, si. Strontium Seachem Reef Status.

Parmi l’ensemble des tests proposés dans le commerce aquariophile, beaucoup sont difficiles d’emploi, voire carrément inutilisables. Si on ajoute à cela une imprécision chronique - il vaut mieux éviter de comparer les résultats des tests de marques différentes !!! - et un tarif plutôt élevé, on fait souvent la grimace lorsqu’il s’agit de connaître la composition chimique de l’eau de notre bac. Parmi les plus imprécis, les tests pour le strontium ont une sacrée réputation… d’irréalistes, voire surréalistes ?



Avant-propos de Récifs.org – Un certain nombre des tests, sinon la majorité de ceux-ci en eau de mer, suscitent d’intenses discussions : l’exactitude et la reproductibilité des mesures sont souvent remises en cause par des aquariophilies, dont certains très réputés. La raison en est relativement simple. Ces tests dans leur conception dérivent presque tous de protocoles validés scientifiquement, utilisés à l’origine en océanographie. Cependant, ils ont été adaptés pour pouvoir être utilisés sans équipement particulier. La précision des volumes manipulés par l’aquariophile est faible (gouttes à la place d’une mesure précise au millionième de litre). D’autre part, la mesure du paramètre est liée à un changement de coloration, et là où un appareil de mesure de densité optique est normalement utilisé, l’amateur se contente d’estimer une coloration. Il existe aussi des problèmes liés à la manipulation lors du test (agitation des échantillons, durée et température d’incubation, etc.) et à la durée de vie et à la méthode de conservation des tests eux-mêmes. Pour utiliser ces tests et se fier à leurs résultats, un certain nombre de règles sont à suivre : utiliser un test non-périmé, suivre scrupuleusement le protocole, et effectuer une première mesure sur de l’eau de mer naturelle - collectée lors de vacances et conservée congelée, par exemple. Si cette mesure correspond à la valeur attendue, cela signifie que vous pouvez passer à la mesure de l’eau de votre bac. Une double mesure est préférable à une mesure unique. Etienne Dhont se propose dans l’article qui suit de vous présenter le test strontium de la société Seachem. Il ne s’agit pas ici d’une évaluation de la valeur scientifique de ce test, mais d’une présentation personnelle qui peut vous fournir des éléments d’appréciation pour un achat éventuel. Par ailleurs, l’intérêt d’une supplémentation en strontium mériterait un débat en lui-même qui n’est évidemment pas l’objet de cet article.




Lorsque j’ai vu en boutique le test strontium de Seachem, son tarif élevé (63 euros) m’a surpris… La taille du produit, vendu en mallette, aussi m’a étonné. Mais après tout, pourquoi pas ?

De retour à la maison et délesté du fruit de mon labeur, l’ouverture de la prometteuse mallette ne m’a pas déçu : la boîte est remplie ! Il y a même des gants et une paire de lunettes de protection en carton… Six réactifs, un échantillon de référence, deux pipettes, deux seringues, deux récipients, une cuillère, une échelle colorimétrique et une notice complètent l’ensemble. Prometteur.


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Photo, Etienne Dhont

La notice d’utilisation est rédigée en français. C’est bien, mais pour un produit d’origine américaine, j’aurais souhaité avoir aussi la notice d’origine en anglais, car les traductions sont parfois hasardeuses… D’autant plus qu’elle a beau être en français, il faut la lire plusieurs fois avant de comprendre. Il y a bien des dessins explicatifs au verso de la brochure, mais cela reste difficile. Et encore, je bénéficie apparemment d’une notice améliorée, il y a des paragraphes en couleur pour expliquer les explications…

Pour preuve, lorsque je commence - après être allé chercher de l’eau distillée à la pharmacie car le rinçage à l’eau osmosée est déconseillé - je me trompe, et au lieu de prendre un échantillon de mon eau, je prends l’échantillon de référence… Bon tant pis, comme dirait l’orque de barbarie, au moins je vais voir si les résultats correspondent.

Les explications du fabricant à propos de la méthode à suivre paraissent plus simples que la méthode elle-même :

« Ce kit permet au moins 50 analyses de strontium et il est destiné spécialement à l'eau de mer. L'échantillon à analyser est traité et filtré par un adsorbant pour extraire de façon sélective le strontium contenu dans l'eau. Le filtrat est jeté et l'adsorbant est rincé pour le débarrasser des traces d'eau résiduelles de l'échantillon. Le strontium est alors récupéré par élution c'est-à-dire extrait de l’adsorbant par lavages répétés à l’eau pour être ensuite mesuré. La concentration de l'eau de mer naturelle en strontium est environ 8 mg/l. En comparaison, le magnésium est présent à raison de 1300 mg/l et le calcium de 400 mg/l; à eux deux, ils dépassent le strontium de plus de 200 fois. Le magnésium et le calcium sont chimiquement très proches du strontium, rendant par conséquent la mesure du strontium avec ce kit, face à des concentrations élevées de magnésium et de calcium, particulièrement dépendante du respect scrupuleux des instructions et recommandations opératoires. Pour vous donner une image parlante et juste, imaginez que vous essayiez de trouver et de compter 8 billes de couleur lavande dans un bocal contenant aussi 1300 billes violettes et 400 billes mauves ».

Après avoir tout relu, et suivi les instructions pas à pas, on arrive à la coloration. Bien, là et je dirais comme d’habitude, le pré-résultat qui doit correspondre à l’échelle fournie est à côté de la plaque… Pour vous consoler, on vous signale que s’il y a une différence, il faut alors utiliser la couleur du pré résultat comme référence… Voui mon Colonel, mais comment je vais me souvenir de la couleur ? Tout le monde n’a pas un nuancier Pantone chez soi. Il aurait fallu mettre une vraie échelle colorimétrique, avec de multiples nuances de bleu - car il s’agit de bleu- pour repérer une couleur de base et s’y fier.


nomcontenu nomcontenu
Photos, Etienne Dhont

La dernière goutte fait opérer la réaction de virage, cela change de couleur, et faut attendre deux minutes.


nomcontenu
Photo, Etienne Dhont

Après il faut titrer avec une seringue graduée contenant le produit titrant qui doit faire revenir la couleur au bleu d’origine… C’est bien pour ça que le fait de ne pas avoir de couleur de base référencée remet tout en question, le passage d’une nuance de bleu à l’autre n’est pas évident à distinguer, donc daltoniens s’abstenir.


nomcontenu
Photo, Etienne Dhont

Par contre, le résultat est correct et correspond à la valeur de référence, sauf qu’il ne faut pas réclamer une précision extraordinaire quand même… Comme tout test colorimétrique, il donne un aperçu de l’évolution de la concentration, plutôt qu’une valeur « absolue », d’autant plus que la marge qui nous intéresse est dans la toute première plage de mesures… Mais c’est déjà un plus par rapport aux tests concurrents.

J’ai répété le test avec l’eau de référence, puis deux fois avec l’eau du bac, et les résultats sont reproductibles sans grande variations. Et en ajoutant une goutte de la solution de strontium dans l’éprouvette, la couleur re-vire, donc le réactif réagit correctement.

Bien sûr, les techniques habituelles de rinçage et séchage sont à utiliser pour ce genre de manipulation, afin de conserver une base constante de travail.

En conclusion : c’est un test cher, compliqué, mais il fonctionne. Il faut maintenant que je rajoute du strontium dans mon bac… Quand je pense que Ron Shimek affirme qu’il est inutile et non consommé ???



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Article publié le 03/06/2004 par Etienne Dhont





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